lundi 29 septembre 2025

Bula

 Le catamaran sur lequel l'Equipier va vivre quelques semaines a été baptisé Bula. Comme il ne s'agit évidemment pas du prénom de la sœur de Karl (oui, bon, cherchez un peu, pour une fois que je me fends d'un jeu de mot, je ne vais pas écrire un mémo dessus), je me suis interrogée sur la signification de ce joli nom fort efficace.

Sachez qu'en fidjien, il signifie "bienvenue" et est utilisé pour exprimer la chaleur et la convivialité. Ce qui est de très bon augure.

Grâce aux progrès du traçage systématique de l'individu dans les sociétés modernes de la technologie en matière de sécurité des personnes et des biens, je peux suivre les pérégrinations aquatiques de Bula comme d'un paquet d'autres bateaux sur un site dédié. Pour le moment, Bula baguenaude entre les îles au nord de la Sardaigne, et entre d'autres navires dont il me plaît d'aller lire les noms (nases. C'est ç'ui du mien qu'est le plus beau). Levi-Strauss estimait "qu'on ne nomme jamais, on classe" : à l'instar de la sociologie des prénoms, une sociologie des noms de bateaux serait à mon sens pertinente. Le Big Brother numérique qui me permet de suivre Bula est cependant source de biais. En effet, seuls les bateaux équipés d'une balise EPIRB (emergency position indicating ratio beacons) y sont référencés. Exit du corpus les Oop-pop-sh'bam, P'tits Bilous, La Sardine ou Catvalmich, traditionnelle compilation des prénoms des enfants de la famille. Place à la haute, mesdames et messieurs, pourrait-on croire... mais non. Je recense : Platon, Shalimar, San Antonio, Moatetoane, Meho, Vagabond, Fou rire, Cagouille, Mr Raoul, Makemake, Macif I solo (ha ouais, tiens), Charlie... Il y a aussi des propriétaires reconnaissants, comme celui de Zylkène 1, qui aux dernières nouvelles du site mouillait en Martinique sud, mais qui, s'y j'en crois le très sérieux magazine "Sauvetages", s'est échoué depuis sur les côtes métropolitaines. Tout ceci pour saluer le courage du thésard en sociologie qui se collera aux noms de bateaux.

 

samedi 27 septembre 2025

Du dilettantisme nautique

 Pendant que le futur co-équipier de mon mari se fait des nœuds dans les axones et planifie sur son blog (que je consulte régulièrement pour en prendre l'habitude (tout en faisant monter ses statistiques, sympa que je suis)) tout ce qu'il ne sait pas tout ce qu'il va devoir apprendre pendant sa croisière transatlantique, ici, c'est plutôt relax. Le thème d'hier était : vu ta cicatrice (1), ne serait-il pas judicieux de prévoir une casquette à longue visière plutôt que l'adorable et historique casquette bretonne en tissu de vareuse délavé par les embruns qui ferait de toi une icône de la marine à voile pendant cette course transatlantique mais permettrait aux rayons du soleil de faire bourgeonner ton nez d'une manière irrémédiablement disgracieuse, point d'interrogation ? 

(1). J'ai pas raconté, mais l'Equipier s'est fracassé le nez il y a un mois et demi et arbore une cicatrice digne d'un disciple de Jack Rackham. 

vendredi 26 septembre 2025

Dressing

 Le voyage se prépare dans une effervescence textile.

La chambre de fiston premier est l'objet d'une féroce bataille territoriale : l'Equipier (mon mari ayant temporairement perdu ses galons de capitaine) s'est approprié l'espace horizontal du lit pour y étaler sa garde-robe de baroudeur des mers ; j'ai conquis de haute lutte (surtout parce que j'étais là la première) le bureau, la poutre et l'étagère afin d'y faire sécher tête en bas mes pieds d'Artemisia annua.

Ce qui me donne l'occasion non de détailler le futur contenu du sac étanche de conception et fabrication française de mon mari (1), mais de parler de cette plante merveilleuse qu'est l'Artemisia annua, ou armoise annuelle, ou absinthe chinoise. Car Artemisia annua est chinoise. 

Je la cultive depuis quelques années et en fait sécher le feuillage pour produire une tisane qui m'accompagne à chaque coup de mou hivernal. Artemisia annua a en effet de nombreuses vertus, à peu près complètement non-EBP en raison de la variabilité de sa concentration en molécules en fonction des pratiques culturales. Pour en savoir plus, un coup d'œil sur la page dédiée de Wikipédia vous sera utile. Vous y apprendrez que peut-être mais c'est pas sûr mais tout de même. Sachez toutefois qu'aucune photo ne rend grâce à la délicatesse d'Artemisia et à son port aérien, que jamais aucune description ne vous apprendra ce qu'est réellement son parfum pendant les soirées chaudes, et que si vous ne l'avez jamais goûtée, vous ignorez à quel point la tisane d'Artemisia est puissamment délicieuse. Tant pis pour vous (2)

 

(1) si je dis que c'est Cotten, ai-je droit à une rémunération au titre de personne d'influenceuse ? 

(2) D'autant plus qu'elle éloigne les moustiques. 

lundi 22 septembre 2025

Mon mari s'est inscrit à la transat en vrai.

 Ça devait arriver.

Le virtuel a ses limites. Et quand un aficionado de la garcette passe des années à navigouiller de mouillage en port avec son équipière limitée, tout en compensant sa frustration en faisant le tour de la Terre sur son ordinateur, vient un moment où prendre le large le titille très fort.

Pour les lecteurs woke : mon mâle attitré, sexagénaire blanc cisgenre crypto-socio-capitaliste, a désormais assez de fonds (en euro, malheureusement), pour me laisser bosser un mois et demi pendant qu'il vogue de Bonifacio à la Guadeloupe.

Pour les lecteurs lambda : mon mari va vivre son rêve, ce qui me réjouit. 

Et ce qui me réjouit encore plus, c'est que je vais pouvoir écrire plein de conneries sur lui pendant qu'il a le dos tourné.

J-20.