dimanche 30 novembre 2008

Toi, mon amie, ma soeur...

Lu dans "Ouest France" : "Leurs femmes en ont toutes fait l'expérience : la nuit, leur marin virtuel se lève pour une envie pressante et ne revient pas. « L'autre nuit, je suis allée voir, se souvient Chantal. Mon homme était tout nu devant l'ordinateur en train surveiller la position de son bateau ! »".
On se sent moins seule...

samedi 29 novembre 2008

Hydronirique

La question fondamentale abordée lors d'un de nos derniers cours a été de savoir quel sens était chez nous le plus prégnant (Gnoti seauton), à savoir : qu'est-ce qui s'impose à nous, le matin, au réveil ? La sonnerie du réveil, la lumière filtrant des volets, l'odeur du café ? (l'intervenante devait avoir un amoureux insomniaque, la veinarde).
Pour moi, ce sont les rêves, qui ne sont généralement pas considérés comme un sens. Les rêves s'imposent pourtant au corps et à l'âme, de telle sorte qu'on ne puisse douter de leur réalité sensorielle. Je suis visuelle, auditive, tactile, sans doute, mais surtout onirique. Mes rêves donnent à la journée sa couleur. Ils noient mes journées de sensations rémanentes et s'intègrent parfois subrepticement à mes souvenirs, ce qui crée des situations surréalistes et de mémorables quiproquos.
C'est ainsi que je rejoins chaque nuit la géographie mouvante d'un monde peuplé d'hommes.
C'est ainsi que je suis capable de suivre le périple d'un bateau numérique sur une mer statique.

jeudi 27 novembre 2008

Y'a plus de saisons !

C'est l'été austral. Hier, il a fait 42°C à Johannesburg, et il a neigé sur les Blue Mountains, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Sidney. On ne s'étonnera guère de telles excentricités climatiques de la part d'un territoire qui a engendré le kangourou, le didgeridoo, Crocodile Dundee et Priscilla, folle du désert.
Malgré la perspective de naviguer dans un bouillon géant au milieu de glaçons sub-fondants, Lovict fait route vers le sud. Enfin, je crois. Son skipper n'a pas sollicité mon savoir nautique, cette semaine. Je ne sais pas si je dois me vexer.

Déliquescence

Tous ceux qui ont accès à ma page personnelle savent que le TP informatique d'hier a été l'occasion d'un déchaînement bureautique de façade (et aussi celle de signer la feuille de présence), et que pendant les moments de désoeuvrement, nous avons largement utilisé les ressources d'internet, et la messagerie msn de B. (qui n'avait qu'à pas la laisser ouverte en quittant la salle. Je ne connais pas B., mais son copain est maintenant un bon pote à moi !)
J'ai donc voulu apprendre à F. F., ma voisine et future chanteuse has-been, ce qu'était la régate virtuelle du Vendée Globe. Pour ce faire, j'ai tapé "ré" dans la fenêtre idoine de Gougueule, et par la vertu magique d'une fonctionnalité qui se veut pratique mais n'est en fait qu'un horrible mouchard intégré, Gougueule m'a proposé comme un seul homme : "régate - régate virtuelle - régate virtuelle Vendée Globe". Ce qui signifie que mes futurs prescripteurs sont des glandeurs de premier ordre qui ne rêvent qu'à leur prochaine année sabbatique sur un Wauquiez-Centurion. Elle est belle, la fac de médecine...

Au soir du 4ème jour...

"-Et alors, tu vois, là, si je n'avais pas eu autant de retard à cause de toi (soir du 4ème jour), je serais là, alors que maintenant, ça va être plus difficile...
- Ha ?
- Ben oui, parce qu'il faut que je sois à peu près ici, tu vois, dans 12 heures. Il y aura un gros changement de vent, et si j'y suis, je fonce le long des côtes argentines, et zou, je récupère les vents portants et je trace le long du cinquantième parallèle.
- Pourquoi tu vas tellement au sud ?
- Ben tiens, plus t'es au sud, plus tu fais le tour rapidement. C'est plus court. CQFD.
- Mais c'est l'été austral, et il y a des bouts de banquises qui se promènent !
- Oui, mais en même temps, c'est qu'une régate virtuelle. Ca m'étonnerait qu'on se prenne des icebergs."
A la lecture de ce court dialogue et à la lumière des connaissances acquises lors de nos séminaires, vous indiquerez qui de M. ou Mme Lovict vous semble le plus dépendant au monde virtuel. Commentez.

Et on tirera la courte boise.

Et alors, les marins, ils ne savaient plus où aller.
Ils ont été sept ans sur mer
Sans pouvoir la terre accoster
Courage, courage, beau marinier !

People make the world go round.

Sous Ptolémée, des marins aventureux et très pas virtuels partirent sur l'océan Atlantique, en direction du sud. Ils pensaient que la Terre était ronde. C'était une époque tranquille, où les choses avaient un sens, et où l'homme avait des certitudes que quelques millénaires se sont chargé de battre en brèche : on sait bien désormais que ce monde ne tourne pas rond.
Toujours est-il que ces vaillants navigateurs commencèrent à flipper sérieusement quand ils virent l'étoile polaire descendre de plus en plus vers l'horizon. Imaginez-vous paumé dans une zone d'activité industrielle, ou bien sur une route vicinale entre Kermouster et Pleumeur-Gautier, de nuit, sans GPS. Ca rigole moins, hein ?
Et puis, l'étoile polaire disparut.

Au matin du 4ème jour...

Au matin du 4ème jour, Dieu s'est tourné vers sa créature et lui a dit : "Quand je pense que je pourrais être 350 milles plus loin !"
Eh oui.
Mais voilà, je suis un pilote automatique bas de gamme et mon mari n'a plus de secrétaire depuis belle lurette. Alors que dans les 125000, il y en a qui soudoient des employés de l'administration pour naviguer pendant qu'ils bossent. Elle est belle, la France tiens ! Ou alors, on peut voir ça comme une tentative habile d'augmenter son pouvoir d'achat en remportant 10000 euros, allez savoir. Ca ouvre des horizons nouveaux...

Empannage domestique.

Nous en sommes au troisième jour du "t'as vu où tu m'as fait aller avec ton cap plein sud ???". C'est le pendant ludique de mon "ça fait 5 jours que tes chaussettes sales traînent au pied du lit, compte pas sur moi pour les ramasser !".
Et je les ramasse quand même. La femme de marin est une sainte (hum).

Tous sur Facebook !

Idée géniale de Pauline : faire reconnaître la régate virtuelle comme discipline olympique. J'ai toujours rêvé d'un mari médaillé olympique, donc athlétique, rasé, sponsorisé... creusons l'idée. Y'a qu'à faire un groupe.

Le soleil, au zénith...

Qui dort dîne. Le skipper avisé sommeille à l'ombre de sa voile éteinte. Dormir, rêver peut-être... Le voilà au large du golfe du Bénin, capitaine de goélette grinçant de toutes ses vergues, attendant sa cargaison pour reprendre son périple triangulaire ; le voilà dessiné par Burne Hogath, enlaçant Alice Clayton, écoutant les cris de la jungle avant d'être débarqué sur la plage ; le voilà Vasco de Gama, et le voilà crevant de faim, parce qu'à force de ne pas avancer, il a fini tous ses lyophylisés. Vous allez voir que ça va être ma faute !

Au soir du 2ème jour...

- Bonsoir ! Tu vas bien ?
- Ca dépend de quoi on parle...
- Ha bon ? ça ne va pas ? Tu ne vends pas de seaux (s'inquiète la dame qui, très prosaïquement, vient de faire un chèque à l'orthodontiste),
- Si, si (ouf de la dame), MAIS MON BATEAU, ALORS LA, JE TE REMERCIE ! Parce que je suis planté dans le pot-aux-noirs, et que j'ai perdu 8234 places ! Tu m'as fait aller ...
- J'ai rien fait !!!
-... là où il ne FALLAIT PAS que j'aille, et maintenant....
- Ben et moi, hein, je ne sais même pas si je vais être diplômée (pour les détails, voyez "orthophonie en péril" et l'avancement douteux de mon mémoire) et pis l'éducation nationale elle ne va pas mieux que ton rafiot, mais en moins virtuel, et pis la France va maaaaaaal et l'euro va être dévalué et on népadanlamerdalors hein, tu sais ce que j'en fais de ton rafiot ???
- Essaie pas de toucher à mon bateau ! (ton adapté et terrifiant).
Je fais profil bas, mais je vous parie que je n'ai pas fini d'entendre parler de ma très grande faute.

Femme au volant, etc.

"Je te l'avais dit, pourtant, de le faire passer sous les îles du Cap Vert ! Maintenant, je vais perdre des places !". OK, on ne s'est pas compris, mais ce n'est pas la peine de prendre 2 minutes sur mon appel vespéral pour m'engueuler à cause d'un bateau qui existe à peine. Alors j'y ai dit : "Eh, au lieu de me pêter un sequètche pour un rafiot virtuel (oui, je parle comme ça, en vrai), tu ferais mieux de vendre des seaux pour qu'on puisse manger, nous autres". Comme ça l'a mouché, je vous raconte pas. Bien sûr, c'est un coup en vache, puisque moi, ça fait belle lurette que je suis improductive et qu'on pourrait me rétorquer que je ferais mieux d'avoir mon diplôme, ce serait même plus sûr que les seaux de XXX, nom déposé. Mais peut-être que le diplôme, ça ne dépend pas que de moi.......... hein, les filles, c'est la fête !

Carte nautique

Lovict se la coule douce, ce qui pour un voilier pourrait augurer du pire. En ces latitudes tièdes et gaiement ventées, la carte nautique n'est pas nécessaire. La carte nautique est pourtant un bel objet, un instant de rêve géodésique, un roman pour qui sait et peut la lire. La carte nautique se décline en qualités diverses: la plus belle est plastifiée et résiste à la malveillance conjuguée des embruns, de la houle et de la tasse de café trop pleine. Constellée de signaux cabalistiques, elle engage son lecteur à prendre l'amer. Elle a été achetée chez un shipchandler pour servir la prochaine fois qu'on reviendrait, puis on a projeté d'en orner un mur trop blanc. Mais la carte nautique, comme la mer, est trop vaste pour être contenue dans un cadre, et on ne la punaisera pas sous peine de ruiner son étanchéité.Depuis, la carte nautique attend , bien à plat sous une pile de draps.

Petit pays, je t'aime beaucoup.

Après une magnifique remontée dans le classement, Lovict s'est encalminé toute la journée, ce qui a permis au skipper virtuel d'admirer les jeux des dauphins au large de la Mauritanie et de relire " Rapport technique de l’expérience de survie prolongée en mer à bord de l’Hérétique en 1952". Paris, 1954 (Bombard A.). Voilà donc mon mari préféré (et pour cause) à la recherche d'une borne wi-fi. Et ça tombe bien, car à Tatayoune-les-Oisillons, où il se trouve, une enseigne internationale de restauration la plus rapide possible attire les voyageurs en proposant une connexion interneti ! Le voici donc à dévorer un Huge Ugly Full Cheese Burger, tout ça pour que la borne ne fonctionne pas. Et dans ces cas-là, que fait-on ? On appelle sa petite femme pour qu'elle abatte un petit peu et jette un oeil sur les prévisions météo... Lovict passe loin des îles du Cap Vert. L'écho de la morna ne viendra pas troubler la sérénité de sa course. Je m'occupe de tout.

Khi 2 nous deux aura l'ordi ?

Je ne vois qu'une raison pour laquelle personne d'autre que mes- propres- copines- à- moi- perso ne rejoint ce groupe magnifique, superbe et déchirant : les navigateurs virtuels (leur race maudite, qu'ils coulent !) monopolisent les ordinateurs de salon. Encore une preuve flagrante du machisme ambiant (en supposant que 69 456 des 73617 voguants sont des hommes, ce qui est probable, z'avez qu'à calculer le Student, le Khi 2 et l'âge du capitaine pour vous en convaincre.
Evidemment, il y a la possibilité que certains d'entre eux vivent seuls, ou régatent depuis leur bureau, ou encore sont des femmes, ou même des zados de tout sexe, mais si on se met à chipoter, on n'écrit plus rien de vraiment crétin et c'est beaucoup moins drôle... à supposer que ça le soit.

Un petit plus à l'ouest...

Le skipper de lovict a fait route vers le sud, ce matin et pour de bon, avec sa belle voiture toute neuve et lombalgogène. Il a toutefois commis la grave erreur de dormir avant sa migration, ce qui a permis à son youyou de bois de se planter à 7 noeuds quelque part au large du détroit de Gibraltar. Il va me faire honte. Mais c'est bien sa faute, il n'avait qu'à s'équiper d'un pilote automatique.
Bref, sa trajectoire fait une encoche plein ouest, comme s'il avait voulu rallier le port de Lisbonne, alors qu'il ne faisait que chercher la risée salvatrice qui l'amènerait jusqu'au Canaries en un souffle de géant, pouf, comme ça.
A cette heure, je me sens l'âme mutine d'un machiavel billgatesien. Comme j'ai accès à son bateau, si j'allais faire un tour aux Açores pendant qu'il dort ? Une déviation de rien du tout, à peine 90°, un petit cap compas de 300, et zou, rendez-vous sous le palmier de M., d'ici 4 jours, à Rabo de Peixe... à moins qu'il ne m'ait tuée avant ?

12 novembre 2008

Lovict vogue au large du Portugal. Sur l'écran (dans mon dos), le voilier magnifique est repéré par des cercles clignotants, centrifuges, un peu comme si on venait de le projeter là, dans le bleu, comme un vulgaire caillou (alors que c'est un voilier magnifique, je le rappelle). Son skipper a fait le capitaine toute la journée avec les enfants, pendant que j'étais en stage. Il y a même eu l'escale au bistrot du port, c'est pas tous les jours dimanche ! Il a géré tout ça comme un chef, il ne pourra donc plus me faire croire à l'impossibilité cognitive que représente le fait de trier ses chaussettes pendant qu'on téléphone à un client.
A part ça, il n'a pas bougé au classement, aucun joueur ne l'a rajouté comme ami et il a "1 nouveaux messages" (sic). Il est loin, le temps où le prototype du marin barbu fumeur de pipe et amateur de whisky traitait les lampistes d'anacoluthes en français dans le texte...

11 novembre 2008

A la suite de quelques questions émanant de mes camarades de classe interloquées, je me fends royalement de l'explication suivante : pour tout renseignement, allez sur la site de France 3, section "Vendée Globe". Imaginez le monde sous la forme d'un écran bleu barré de flèches sur Fisher, German, Utsire, Cap Finisterre et Golfe de Gascogne, toutes ces belles choses festonnées du blanc des côtes. Imaginez un monocoque fuselé, vêtu de grand-voile, gênois, spinnaker, gennaker, trinquette, tourmentin et autres bouts de tissus technomusclés, imaginez un nom pour cette merveille (ça va de Hurricane à Titi88) et imaginez que vous voguez dans un plan vertical because l'inclinaison de l'écran qui correspond judicieusement à celle de la surface du globe dans ces zones encore tempérées (je vous dit pas comme on va rigoler passé l'équateur), n'imaginez pas le bruit des vagues parce que si vous avez le son sur votre bécane vous avez AUSSI le bruit des flots sur le franc-bord, et voilà, en route.

10 novembre 2008

Heureuses femmes dont le compagnon est un terrien auquel la seule évocation du mot "vague" donne la nausée. Mon mari a, lui aussi, un mal de mer, mais d'une toute autre nature. Il se demande encore par quel jeu du hasard (voire du destin, pour ceux et celles que les probabilités terrorisent) il a conçu des enfants enracinés dans le terrain argilo-calcaire de la France continentale. Tous les matins, dans le bleu de ses yeux, il voit la mer.
Alors, quand France 3 lui a proposé de participer au Vendée Globe Challenge virtuel on the net et face to the screen, il s'est inscrit, enfin, je l'ai aidé à s'inscire (mon dieu, qu'ai-je fait ???), car il est un dieu du Winch et de la règle Cras, mais pour ce qui est de la souris, il se pose là. Le voici donc voguant au gré d'une météo réelle (c'est ça le truc : il y a tout pour s'y croire), prévoyant son cap en fonction de son temps de sommeil et pestant à 90 dB devant le site qui a planté au démarrage, car ils sont 44000 et caetera à se tirer la bourre sur l'atlantique numérique de Virtual Regatta qui n'a pas résisté à la surpopulation internautique. Compatissez, car cela signifie qu'il y a 44000 femmes de marins embarquées dans ma galère (en plus des 30 et quelques dont les hommes sont réellement partis faire le tour du Globe, et qui ne mesurent pas la chance qu'elles ont). Je me demande donc si, dans les Cinquantièmes Hurlants virtuels(en bas de votre écran), une vague scélérate virtuelle ne risque pas de faire de moi une veuve virtuelle. J'aurais peut-être une paix virtuelle. Mais je crèverais de faim virtuellement, à moins que je creuse un déficit virtuel dans nos économies virtuelles. D'autres l'ont fait avant moi, et ça a drôlement bien fonctionné...