dimanche 15 février 2009

Bon, ben, on s'appelle ?

Lovict est arrivé, notre couple a résisté au Vendée Globe Virtuel (nananère) et ce blog s'achève donc ici. C'est un peu triste, j'ai bien aimé tenir cette chronique nautico-maritale. Je referai peut-être un autre blog plus tard, quand une source d'inspiration régulière se présentera, ce qui ne devrait pas me poser trop de problèmes. Je déposerai ici un faire-part...

Avant de disparaître sous la toile, pour remercier tous ceux qui sont venu lire mes élucubrations, qui y ont participé, qui les ont caftées à mon mari via la messagerie du VGV, qui les ont parfois bien aimées et parfois bof, bref, pour mes lecteurs plus ou moins anonymes, je vais me présenter un petit peu, en version courte - je laisse les énumérations à plus oulipien que moi.

Je ne m'appelle pas Zygielle, mais c'est tout comme. La zygielle est une sympathique araignée qui est une des rares à signer sa toile, et la seule, je crois, à le faire par du vide : elle n'en tisse que 7/8 èmes et laisse vacante une jolie part de camembert. Elle aime être perchée très haut : vous la trouverez aux angles des vitres de l'Empire State Building.
C'est parce que j'aime les araignées.
Je suis une vétérinaire défroquée qui se souvient des cieux, et dans quelques mois je serai une jeune orthophoniste. Ces choses-là arrivent parfois, et je vous dispense des commentaires éclairés sur les capacités phonatoires des mainates.
Je suis aussi une grande frustrée de la musique, mais je n'ai pas dit mon dernier mot, qui sera un non-mot, car il sera dit de préférence dans la langue délicate du scat.
A part ça, j'aime plein de choses dans la vie, apprendre n'importe quoi me procure une jouissance à bas prix, et ce qui me plaît par dessus tout est de me dire que je dois au hasard le substrat infini qui nourrit ma curiosité. Et à internet, un peu aussi. Qui serait donc, dans un sens, le relai virtuel de l'ADN et de ses conséquences, mais je développerai cette épineuse théorie dans une autre vie...

J'espère vous avoir amusés pendant ces quelques semaines.

Au revoir !

Et l'amer effacé sur les Sables...

Il se fait tard et je n'aurai bientôt plus aucune raison de raconter ma vie lentement déroulée entre cet écran et celui auquel je tourne le dos. Quelques bords encore, et Lovict s'échouera sur les Sables, comme une baleine inexpérimentée.
Mais tout de même, on peut encore s'amuser. Par exemple en observant la course folle de Bob Cramer, irrésistiblement attiré, il y a quelques heures, par la pointe de Penmarch, sans doute à la suite d'une panne de GPS. Son changement de cap au dernier moment pourrait laisser accroire que cette trajectoire est sous-tendue par une stratégie nautique longuement réfléchie. A d'autres. Les laborieux qui gèrent la remontée vers l'arrivée à coups de virements de bords serrés lui dameront le pion. De toute façon, ça ne trompe personne, il était forcément devant le slalom de Val d'Isère.

samedi 14 février 2009

Et l'existence aura ma peau, forcément.

La dernière phrase du commentaire sur Heidegger (cf. infra, op.cit. et ibidem, etc, etc) inspire au skipper de Lovict des réflexions qui n'ont pas grand chose à voir avec la méditation phénoménologique. Mais sont assez franchement imprégnées de phéromones.
Bien, bien, bien... Il se fait tard, non ?

Le déconstructivisme aura mon blog.

L'avantage, avec le VGV, c'est que c'est un banc d'essai éminemment formateur. Maintenant que le skipper d'Inderweltsein a révélé ses petits secrets, tout le monde va pouvoir améliorer ses performances. C'est vrai, il suffit d'un rien, pour arriver en tête : lire Heidegger, passer deux heures à étudier les cartes à chaque changement de météo, être "légèrement" (je cite) insomniaque. Pour l'insomnie, pas de problème, un bon robusta ou quelques litres de Red Bull feront l'affaire. Pour Heidegger, fastoche, Wikipédia est là si tu comprends pas. Par exemple, vous y lirez, à propos du grand Martin : "(..) le tournant historial de la pensée de Heidegger, devenant une « méditation de l'histoire de l'Être », entendue au sens d'un génitif subjectif, comme « l'histoire de la métaphysique occidentale » en laquelle l'Être se dispense en se retirant (..)".
Vous n'avez désormais plus aucune raison d'être aussi ignare que moi en matière de philosophie.
Reste la question des deux heures consacrées à l'étude minutieuse du bulletin météo en vigueur entre Shanghai et Fukuoka. Ca fait long, surtout dans une 205 garée devant le Old Mac Dougall Had A Farm de Châtellerault. A l'heure où on est supposé, malgré l'hypoglycémie, représenter les forces vives de son entreprise. Et assurer les versements réguliers de la pension alimentaire. Car, avantage non négligeable pour qui a décidé de remporter le virtual VOR, vous êtes célibataire depuis le dernier VGV. Au moins un point positif, tous les marins ne peuvent pas en dire autant.
L'existentialisme prend décidément une tournure amusante, dans la vie-rtuelle.

Mei you fong...

Mon homme a pris son quart hier matin, me soulageant du fardeau terrible qui était le mien depuis le début de la semaine.
La carte virtuelle ressemble à une colonie de Plistophora hyphessobryconis dans le filet d'un Cardinalis : un amas de formes oblongues qui se chevauchent à qui mieux mieux, chacun essayant de passer au vent de l'autre histoire d'en finir le plus vite possible en écrasant son semblable. Il faut dire que les Sables d'Olonne sont bien en vue, à droite sur l'écran, alors, soudain, après la longue route, après le périple insensé puisqu'il n'est après tout qu'un immense et inutile rond dans l'eau, on fatigue, on renâcle, on est désagréable et on n'a plus que ça à faire puisque le départ de la cinquième étape du Volvo Ocean Race a eu lieu à Qingdao ce matin.

mercredi 11 février 2009

Quand Marcel s'égare (je dédie un post à qui comprendra)

Chère future vivant-t'en-couple avec un fondu de voile frustré d'habiter en terre terrienne, je suis ravie de te retrouver pour cette émission aujourd'hui consacrée à la question épineuse suivante : "que faut-il impérativement éviter de faire si l'on veut préserver l'ambiance légère et rieuse des débuts de la vie-t'en-couple ?"
Crois-en l'expérience de Tante Zygielle, jeune inconsciente : ne promets jamais à ton frustré du winch de s'occuper de son bateau en son absence. Surtout de son bateau virtuel. Et même si tu te dis, une fois l'orage passé et résorbés les bleus tangon virtuel-induits, que bon, cette fois-ci, tu es rodée, Bob Cramer va voir de quel bois je me chauffe quand Marcel passe la semaine sans wi-fi, surtout, ne cède pas à cet élan de générosité et de compétitivité conjuguées. Jamais.
Car bien entendu, tu ne maîtriseras aucune des subtilités nautiques qui font de ton marin préféré l'égal de Nelson, un oeil en plus. Malgré tes promesses, tu ne passeras devant le VGV que quelques secondes, le temps de réaliser que ta cafetière italienne chauffe depuis 45 minutes, que ton courrielleur clignote amicalement et que Sarenza fait 120% de réduction sur Pâtaubutane.
Et ce sera la catastrophe.
Marcel va t'appeler de la voiture de son pote qui est allé chercher chez un voisin une grue pour débarder la forêt de pins des Landes tombée sur le toit de sa maison à cause de la tempête qu'elle aurait mieux fait de souffler sur son écran d'ordi à la latitude du Maroc.
Tu vas lui raconter ta journée, histoire de noyer le poisson, mais il faudra bien lui donner des nouvelles de son destrier des mers du sud, du nord et de l'ouest. Là, ça va être très dur.

"NON MAIS C'EST LA DEUXIEME FOIS QUE TU ME F... DANS LES CHOUX !!! TU PEUX PAS FAIRE ATTENTION ? J'Y CROIS PAS !!!". Tout en majuscule, ça va de soi.
Toi, stoïque : "Oui bon ben j'l'ai pas fait exprès, je faisais autre chose, j'y ai plus pensé, quoi. Et puis d'abord, au lieu de t'énerver pour un bateau à 5 pixels, tu ne crois pas que tu ferais mieux de te préoccuper de la maison de ton copain ?" (perfidie féminine adaptable à de multiples circonstances, retiens bien, cocotte).
"Oui, mais il est pas là".

Bien.
Celle-là, je ne l'avais pas prévue.
Si quelqu'un parmi mes lecteurs a une connaissance intime de la psychologie masculine, je pense qu'il serait sympa de me proposer des cours de rattrapage.
Merci.

lundi 9 février 2009

Les Bermudes, aaaah.... (de plus en plus fort)

Ces considérations techniques mises à part, il nous reste le recours au bon sens. Expliquer les disparitions, dans une zone aussi hostile géographiquement et climatiquement que le triangle des Bermudes, peut être fort simple si l'on se rallie à une hypothèse socio-éthologique.
En effet, il est curieux de constater que personne ne disparaît avec une fréquence aussi élevée du côté des Malouines ou des îles Féroë. Normal, me direz-vous, il y a beaucoup moins de monde par là. Et personne ne se soucie de la disparition d'une dizaine de saumons sauvages ou de quelques canards brassemer cendrés.
Certes, la statistique est reine. Mais tout de même. Imaginez ce brave Charlie Papatango, porté internationalement disparu et pleuré de ses enfants et de sa veuve qui a tout de même refait sa vie avec un éleveur de cockers du plateau de Langres après quelques années de recours juridiques lui ayant assuré la monogamie en même temps que sa part d'héritage.
Charlie, lui, coule une retraite béate sous la toile de son parachute, nourri de pina colada, de banane plantain et de langouste grillée, tranquillement assoupi sous l'azur pommé de nuages amicaux, à l'ombre aléatoire des cocotiers bercés aux vents tièdes des Tropiques.

dimanche 8 février 2009

Toujours plus à l'ouest

L'effet Hutchinson, mon chéri.

Hutchinson est un physicien inspiré, qui partage avec le professeur Tournesol un goût prononcé pour l'iconoclasme. J'en veux pour preuve son balcon, dont la photo est disponible sur internet pour peu qu'on se donne la peine d'une (rapide) recherche, dont les points communs avec le laboratoire de Tryphon sautent aux yeux : accumulation d'antennes paraboliques, bobines, alternateurs polyphasés et vistemboirs électroniques à burettes mobiles.
Cet apparent fatras a permis à Hutchinson d'expérimenter les effets éponymes de certaines particularités de l'électromagnétisme, en oeuvre, affirme-t-il, dans la zone mystérieuse du triangle des Bermudes. A savoir : la fonte des métaux et l'anti-gravité, rien que ça. Notre savant ravale donc les méfaits des antennes relais de chez Bouygues et ceux de la variété Andromède à l'état d'aimables curiosités, et ouvre des perspectives enthousiasmantes à la destruction de son prochain par quiconque prêtera attention à ses expérimentations solitaires.
Le problème est que ces expériences sont (totalement bidonnées)... heu... absolument non reproductibles, ce qui assure la pérennité des recherches dans le domaine.
Certains ont même, preuves à l'appui, affirmé que l'effet antigravitationnel de Hutchinson se résumait au principe physique qu'on peut énoncer ainsi :
"Tout corps relié à un fil de nylon subit un géotropisme négatif dont la valeur absolue est égale à celle de la force de traction, dirigée vers le haut, exercée par l'expérimentateur sur le fil nylon", et vive la science.

Il ne reste donc plus que la piste des extra-terrestres pour expliquer logiquement les disparitions dans le triangle des Bermudes.

samedi 7 février 2009

Va donc noyer ta solitude...

On me signalait hier que Lovict, ayant pris une option ouest, fonçait vers les Etats-Unis. Vérification faite, je me mis à suspecter sérieusement une bouffée délirante de type Papatango, Charlie de son prénom, auteur des premières descriptions neuropsychiatriques du syndrome éponyme, qui consiste à tenter de mettre fin à ses jours en mettant le cap par tous les moyens possibles vers le triangle des Bermudes.
Au téléphone, la voix de mon mari n'est empreinte d'aucun tremblement mélodramatique. Pas de saute d'octave évocatrice d'un quelconque tiraillement psychique. Tout semble en ordre, sauf qu'il m'assure que "les autres ont suivi".
Alerte.
Cette histoire fleure son David Koresh.
- Mais pourquoi un peu plus à l'ouest ?
- A cause de la dépression.
Alerte +++
- Quelle dépression ? m'enquiéré-je prudemment.
- Ben, la dépression, tiens, je n'ai pas l'intention de m'encalminer en plein milieu, je prends le couloir des vents dans le bon sens, à l'ouest, j'aurai le vent dans le dos.
Soulagement : mon mari tient des propos sinon sensés, du moins habituels. Il est donc de mon devoir de le prévenir qu'à se déporter vers l'occident, il risque l'accident (pour tous les utilisateurs de paires minimales, celle-ci est libre de droits).
- Tu sais qu'il y a le triangle des Bermudes, par là ?
- Ha ?
- Ben oui. C'est dangereux. Tu risques les vagues scélérates, les sous-marins russes, les aliens, l'effet Hutchinson...
- L'effet quoi ?

jeudi 5 février 2009

Demain, j'essaie RTL.

Grâce en soit rendue à France Inter, ma culture s'est élargie ce matin.
J'ai en effet découvert l'existence dans la vrai vie des "producteurs de segments". Jusqu'ici, inaccessible à l'abstraction médiatique pour cause de surcharge cognitivo-ménagère, je pensais que la formule désignait un médecin de campagne militaire, adepte de la chirurgie définitive sous analgésie frigorifique ou per os, à la gnôle découverte sous le grand-père, dans la cave de la dernière maison incendiée, quelques minutes avant la pluie de schrapnels.
Ou alors, que c'était un sobriquet charmant pour les voiliers virtuels traînant derrière eux leur sillage rose pastel, à bifurcation angulaire bi-quotidienne.
Du moins ai-je pensé tout ceci pendant le dixième de seconde qui a séparé ma prise de connaissance émerveillée du terme "producteur de segment" et sa définition par Colombe Schneck.
Et là, consternation, comme dirait Souchon. Le producteur de segment n'est pas une entité géométriogène, ni même le petit nom d'une société d'autoroute, non, rien d'aussi poétique : le producteur de segment n'est autre que le type qui tient la caméra sous le nez de Lindsay et Léonard quand Lindsay cède à JR Ewing contre la promesse d'une rente à vie correspondant à 10% de la production de pétrole des Ewing, mais JR la déshonore en public devant le PDS, qui n'en perd pas une, et la traite ensuite de pauvre naïve qui se croit à la télé.
Voilà, c'est ça, un PDS. Quelqu'un qui suscite et recueille les affres de personnes consentantes et en gère la catharsis par millions de spectateurs interposés.
Heuuuuuuh.... Il fait beau, hein, au milieu de l'Atlantique ?

mardi 3 février 2009

Expireeeeeez !

Je suis sur le site du "Monde" ! Je suis sur le site du "Monde" ! Je suis sur le site du "Monde" !

Inspirez profondément....

Merci à Mousse d'Olonne qui m'a gentiment signalé que ce blog était cité sur le site du "Monde". Cela me fait très plaisir.

Addict au logis.

B. m'a fait un aveu. Son mari est inscrit depuis fort longtemps à la Volvo Ocean Race. Bigre. L'affaire s'annonce délicate.
Le danger, quand on vit avec quelqu'un d'aussi sensible aux addictions en tout genre, c'est la destruction du cadre familial, tous les addictologues vous le diront. Une de mes amies, qui pratique cette discipline à l'hôpital, me racontait que les copains de ses patients, hospitalisés pour une désintoxication, leur apportaient en douce des barrettes en tout genre afin qu'ils supportent mieux le manque. Imaginons un instant le futur de monsieur B. Les joues caves, l'oeil hagard, le plasma chargé d'un cocktail de neurotropes, il scrute sur le mur saumon qui lui fait face une reproduction joliment encadrée au format 30x40 des "Tournesols". L'infirmière vient de lui proposer du chocolat exempt de théobromine, salsolinol, sérotonine, théobromine et anandamide. Berk.
Monsieur B. mâchouille sans grande conviction cet insipide succédané. Sa rêverie lui fait suivre sur le mur un point clignotant suivi d'une ligne rose, se déplaçant avec la circonspection de l'araignée mâle en quête de partenaire.
On frappe. Entrent trois personnes, au comportement tout à fait semblable à l'araignée sus-citée. C'est tout juste si on n'aperçoit pas un fil de traîne. Ces Pieds nickelés du grand frisson hospitalier extirpent des téléphones portables de leur poche, et la sarabande commence. L'un est connecté au Vendée Globe virtuel, l'autre à la Volvo Ocean Race, le troisième au Trophée Jules Verne.
Les neurotropes s'activent désespérément sur les complexes macromoléculaires intramembranaires des quelques synapses restant à monsieur B., sa fréquence cardiaque s'accélère, il transpire, ses yeux se dilatent, les moniteurs s'affolent, une sirène retentit, les Pieds nickelés s'égayent par la fenêtre du troisième étage, George Clooney lui-même (qui d'autre ?) fait irruption dans la chambre... trop tard.
Quelques jours plus tard, B. sert son 42ème Nespresso à George, avachi dans le canapé d'un salon aux murs pas poncés. Tant il est vrai que l'addiction est un phénomène universellement répandu, se jouant des générations, se jouant des sexes.

dimanche 1 février 2009

Let it snow, let it snow, let it snow (tsoin tsoin)

Je n'ose même plus aller regarder le classement de Lovict. Mes lecteurs me tiennent au courant avec beaucoup de gentillesse et une manifeste hypocrisie. "Oooooh... Mais qu'est-ce qui se passe ???". Les amis de Lovict lui envoient des messages, aussi : "mais qu'est-ce qu'elle fiche, ta femme ? Elle a appris à naviguer sur la Moselle ou quoi ?". Le ratio Vendée Globe / Volvo Ocean Race (en mesure de temps d'affichage cumulé pendant le weekend) est en train de s'inverser, et ça ne m'arrange pas, parce que moi, j'aimerais bien qu'elle se termine, cette course, et... youpiiii ! Il neige !!! Il neige !
C'est beau, le direct.