mercredi 31 décembre 2008

Voodoo child

B. s'affaire autour d'un repas de fin d'année qu'elle qualifie joliment, pour le moment, de "plus virtuel que le Vendée Globe du même nom". Qu'elle se rassure, la ligne d'arrivée est proche, du moins pour son repas. Nos étonnants voyageurs en sont encore loin. Elle supportera donc, jeune mère courage, les altérations neurologiques qui se manifestent chez son connecté mari, désormais atteint d'anosmie (entre autres amusants symptômes), puisqu'il semble ignorer -je cite- l'urgence sanitaire que représente une couche débordante. C'est sûr, ça énerve. Et comme B. assure à la fois (hum) l'élaboration du repas de fête et le recyclage des déchets de l'industrie alimentaire du petit pot, elle se laisse emporter, c'est bien compréhensible, et imagine déjà le fiasco de sa soirée, bataille rangée entre les vaillants soldats de la marine virtuelle et leurs femmes, bien ancrées dans le principe de réalité, par la force des choses et celle de leurs enfants.

Soutien moral (Non, B. t'es pas toute seule !)
"B., puisque nous sommes entre ricaneurs -à ceci près que je ris un peu jaune, et ce avant même les ripailles du 31, ce qui augure assez mal de mon taux de GGT pour ce début d'année-, paraphrasons ce brave Anacharsis, qui souffrait certainement du mal de mer : trois catégories d'hommes se partagent le monde, les vivants et les morts, et ceux qui vont sur toutes sortes d'eaux. Je confirme mon appartenance à cette catégorie zombiesque lorsque je m'aventure sur les flots (cf. supra "la petite ligne rose"), ainsi que celle de mon mari lorsque sur les cristaux liquides il vogue."

mardi 30 décembre 2008

Adrénaline

- Tu as encore perdu 15 places.
- HEIIIIIN ???
Réveil subit du marin en pleine digestion de plats qui auraient pu être lyophylisés, rehaussés d'une petite crème fraîche et mitonnés 87 minutes par myself en personne (qui pourrais également être lyophylisée, mais personne ne semble s'en rendre compte tellement il est normal que je sois là), tout ça devant un bon petit powerpoint comme il faut, avec camemberts, histogrammes et animation damier aléatoire (c'est joli, le damier aléatoire). Autant vous dire que le traumatisme sub-hypnagogique est sévère.
- Hin, hin, même pas vrai ! T'as eu peur, hein !
Il m'arrive de faire des niches à mon mari, taquine que je suis. Justement,Tof, modeste-navigateur-virtuel-qui ne-se-prend-pas-trop-le chou de son état, manifestait il y a quelques jours son désir d'obtenir des statistiques sur les ruptures dues au Vendée Globe Virtuel. Je lui donnerai des nouvelles très régulièrement. Promis.

lundi 29 décembre 2008

I winch you a merry christmas.

J'ai oublié de présenter mes voeux à la famille des skippers engagés dans le Vendée Globe. En ces périodes de fêtes, il est d'autant plus difficile de supporter l'absence du père, dont la chaise inoccupée vient rappeler quelles terribles épreuves il affronte alors que l'on festoie : l'eau lancée à l'assaut des espars, le vent qui hurle à voix de métal dans les drisses, le froid qui mord la main figée sur la manivelle de winch, le réseau internet saturé par la masse d'abrutis qui s'envoient des cartes Dromadaire pour éviter de payer le timbre, et je viendrai manger quand la carte des vents sera mise à jour, ça ne saurait tarder, commencez sans moi. J'arrive.

dimanche 28 décembre 2008

Sexe, drogue, rock'n roll et philharmonie.

Ma correspondante unique, B., est revenue de ses agapes familiales. Et figurez-vous que pour meubler la conversation, jusque là monopolisée par des bruits de machouille et de déglutition (on sous-évalue généralement le pouvoir de nuisance de la dinde aux marrons), elle n'a pas hésité -sacrée B. !- à parler de l'addiction de nos maris respectifs et privés. Ce qui a occupé, je cite, douze minutes de la soirée, c'est déjà ça de pris. A quelque chose, malheur est bon... Je retiens son astuce pour l'appliquer à mon prochain weekend au sein de ma belle-famille. Je n'ai aucune raison de ne pas espérer que mon beau-père ne se lance pas dans une course folle et chronophage pour rattraper son fiston, ce qui aura, je l'espère, l'heur de plaire à ma belle-mère.

Par ailleurs, B. s'étonne de voir l'épidémie s'étendre à d'éminents musiciens d'orchestre de ses amis, ce qui moi ne m'étonne guère, puisque la pratique de la musique n'a jamais empêché personne de s'adonner à des plaisirs coupables, j'en veux pour preuve les Rolling Stones, Iggy Pop, Anita O'Day, Janis Joplin, Charlie Mingus, Miles Davis, Samson François et autres joyeux compères, les musiciens classiques n'étant sans doute relativement épargnés que parce que ça ne se fait pas de le dire. On les sait d'ailleurs accro aux béta-bloquants -imaginez le trip dans les loges. Réponse donc, à l'innocente B. :
" Ne vous laissez pas aller à la désespérance ( c'est l'euphémisme du désespoir, mais que diable, assumons le désespoir, Barbara le faisait bien, elle !) : le premier violon n'est qu'un béjaune des technologies modernes, et en plus, il doit attendre l'entracte pour assouvir ses vices. Alors que les trompettistes et les trombonistes (on dit comme ça chez nous), profitant de la place peinarde qui est généralement la leur (au fond, contre le mur), savent depuis longtemps lire "Paris Turf" et consulter leur messagerie Bouygues PENDANT le concert. Références bibliographiques : moi-même, ma vie, mon oeuvre et mes potes, et (certainement, il suffirait de le lire...), Lehmann Bernard, "L'orchestre dans tous ses éclats, ethnographie des formations symphoniques", Paris : la Découverte, 2005, 261p. J'ajouterai que le premier violon n'a pas loisir de planquer son verre de bière quand il officie, ou du moins pas celui de le boire, alors que mes copains, si." (Et moi donc!)

samedi 27 décembre 2008

Qui qu'a ri ? Le Kakariki de Macquarie ?

Mousse d'Olonne m'a gentiment fait connaître le nom de l'île sur laquelle Lovict a accosté en le faisant un peu pas exprès : l'île Macquarie. Depuis, je suis devenue fan de cette île et de ses habitants. Je vous présente donc les gentils lapins myxomateux (Myxomatus lapinus species), le Royal Manchot, et les people locaux : le Gorfou de Schlegel, jet-setter à particule coiffé par Alexandre, l'Albatros fuligineux à dos clair, le Manchot papou, le Gorfou sauteur et celui que vous attendez tous, le Kakariki de Macquarie. Et tout ce petit monde mène une vie trépidante à cause des tremblements de terre, car l'île Macquarie n'est rien d'autre que l'unique résurgence du manteau terrestre au-dessus du niveau de la mer. Un peu comme si la Terre, se moquant de nous se moquant de tout, nous tirait une langue de 170 kilomètres carrés...
Et du coup (je vous le donne en mille) : "t'as vu, j'ai bien fait de m'échouer là". Sûr, mon chéri, La Pérouse n'aurait pas fait mieux.

jeudi 25 décembre 2008

...et nous voilà tous à l'eau, nageant vers un îlot, parmi les cachalots, tsouin tsouin !

"Il y a un Slimmy Burger, près de chez tes parents ?"
Comme si je ne comprenais pas la manoeuvre.
-Tu ne vas tout de même pas emmener ton ordi chez mes parents ???
- Ben si.
-Eh bien, je t'annonce qu'en Moselle, le 26 décembre est férié, et que le Crispy Full Fat Food sera fermé, et toc.
- Bon, ben on part à 11 heures, alors.
- Non mais ça va pas ???
- Ouais, mais je vais encore perdre des places, déjà que leur île, elle m'en a fait perdre 200...
- Bien fait, t'avais qu'à faire attention.
- Mais la ligne rose, elle passait en-dessous !
Un jour, sur un vrai voilier sans ligne rose (j'oublie à dessein le pointillé que je réalisais régulièrement et à mon estomac défendant), nous nous sommes échoués à l'entrée d'un port. Il est vrai que le balisage était obscur, mais des autochtones nous faisaient de grands signes depuis les rochers, et nous leur répondions "bonjour, bonjour !" (sympas, les autochtones). Jusqu'au raclement titanesque. Et qui c'était, le skipper ?

Aïe, mais soudain, aïe aïe aïe, un récif de corail, bouscula l'esquif et le gouvernail....

C'est Noël ! Lovict vient de s'échouer sur un îlot du Pacifique !
Commentaires : "Non, non, mais c'est dégueulasse, franchement, là je trouve ça hallucinant, je vise en dessous de l'île (on dit "à tribord", dans ton cas, marin de pacotille !), j'avais super-bien remonté (13675ème, tout de même), en plus c'est une micro-île que tu vois à peine, il a fallu que je grossisse le truc pour la voir (on dit "zoomer", matelot...), et il faut en plus que je reparte en sens inverse, et franchement, c'est dégueulasse, c'est un sacré bug, ça, comment tu peux rentrer dedans, mais regarde (ben non, je prends ce que tu dis en sténo, je peux pas regarder), si je passe 2mm en dessous de la terre, ça représente des kilomètres, et arrête d'écrire tes conneries (non, c'est trop marrant), j'suis dégoûté et j'ai beau repartir à l'envers il veut pas se déséchouer..."
- Tu vas perdre des places, alors ?
Intervention du fiston : "T'as fini de te déséchouer, Papa ?"
- Ecrase.
Champagne !

mardi 23 décembre 2008

Les objets inanimés ont une âme, et elle est malfaisante.

Mon ordinateur m'a refusé toute connection pendant 12 heures, au cours desquelles seule l'idée qu'il contient des fichiers assez précieux pour ma future carrière (dans un avenir lointain, apparemment) m'a empêchée de l'attaquer toutes griffes dehors. Car je résiste quelquefois à mes pulsions (j'ai bien dit quelquefois), surtout computeuricides, contrairement à mon marin virtuel que je vis, il y a quelques années, tenter de "changer le fusible" (dixit) de notre vieux MacIntosh en l'incisant délicatement avec une scie à métaux, sur le carrelage de la cuisine, devant le réfrigérateur, et en proférant les inévitables invectives chirurgicales : "nom de Dieu de saloperie, c'est pas un ordinateur -ça marche aussi avec un fémur- de (biiip) qui va me résister, passe le tournevis (femme !)".
Bref, maintenant que j'ai délicatement (moi) réussi à faire fonctionner la bête, je me demande si le processus inverse, appliqué sur l'équipement informatique de mon mari, ne pourrait pas régler pour un bout de temps le petit souci que représente l'addiction grandissante du skipper de Lovict au Vendée Globe virtuel. Il me faudrait un produit de substitution pour passer le cap de la crise... Un Tétris pourrait faire l'affaire...

lundi 22 décembre 2008

On dirait que je serais pas là.

Dans la vie d'une femme de marin virtuel, il y a quelquefois, malgré la lutte engagée pour garder les talons bien ancrés dans la réalité (et avec elle, les crèmes au caramel qui ne veulent pas prendre et 2 mètres de cubes de linge à attaquer par la face nord avec mon fer à repasser en guise de piolet), un désir obscur et paradoxal de virtualité. Par exemple, on dirait que je serais en vacances toute seule sur une plage paradisiaque. Il ferait 28°C, l'eau serait à 25°C sans une vague et un nageur sur 500 mètres. L'océan murmurerait sa berceuse. Le sable serait fin. Il y aurait des noix de coco, des dattes et des bananes et des poissons grillés au soleil. Il y aurait un orchestre de jazz rien que pour moi et au soir tombant, je chanterais comme Sarah Vaughan, appuyée contre le demi-queue et doucement enveloppée de vapeurs de contrebasse et de bugle. Le batteur serait délicat et même moi, je serais dans le rythme. La nuit serait longue et bleue. Voilà.

samedi 20 décembre 2008

Cassage du col...

Aujourd'hui, je fais la révolution toute seule devant mon écran et c'est tout. En confirmant que naviguer en eaux troubles, c'est pénible.
Bienheureux lecteurs, un direct live sans oreillette : mon cadet, essayant de s'asseoir sur les genoux de son père, déclenche une réaction vive (les genoux en question sont en porte-à-faux) : "ha, non, arrête, regarde, tu vas casser les jambes de Papa et ça va être pire que Yann Eliès".
On croit rêver...

vendredi 19 décembre 2008

Dommages collatéraux.

Voilà que la compétition rattrape malgré elles les femmes de marins virtuels. B. soutient Desjoyeaux, et moi, j'ai choisi au hasard (mais en vertu de tendances féministes exacerbées par l'heure tardive à laquelle mon mari rejoint le lit conjugal-de-temps-en-temps) Samantha Davies (vas-y, cocotte !). B. prétend que la demoiselle est too much tout pour être honnête, alors que Desjoyeaux, aaaaah... Desjoyeaux are a girl's best friends, c'est bien connu...

Réponse à B. :
"Je ne connais pas Samantha Davies, je l'ai choisie au hasard parmi les skippeuses ou skipprices de la course (ça fait un peu gentil kangourou, "skipprice"). Ca lui faisait tout de même 50% de chances d'être ma favorite. Vas-y, Samantha !
Dites, B., ce n'est pas parce que mon mari a en commun avec le coelacanthe sa grande bouche, sa génétique préhistorique et un tempérament de cénobite qui le pousse à considérer son prochain avec d'autant plus de méfiance que ce prochain le grand-largue dans le Vendée Globe virtuel, qu'il faut qu'on oublie que nous sommes soeurs de misère..."

jeudi 18 décembre 2008

C'est là qu'hante le coelacanthe.

En 1938, dans l'océan Indien, Hendrick Goosen et Marjorie Latimer découvrirent un énorme poisson qu'ils n'avaient encore jamais rencontré. Ce spécimen fut reconnu comme étant un coelacanthe, supposé éteint depuis 75 millions d'années. Bien que leur survie soit mise en péril par la pêche en eaux profondes, quelques 600 spécimens battent encore, au trot de leurs nageoires paires, croisées et pré-chiridiennes, les eaux froides des canyons sous-marins de l'Océan indien. Digne membre vertébré du club très fermé des fossiles vivants, refusant de survivre à la pression atmosphérique, le paisible coelacanthe garde jalousement le secret de son éternité génétique.

Le post du jour, en partenariat avec les dindes fermières de Loué, la Préfon et les coopératives viticoles du Roussillon.


Bob Cramer enfonce Lovict dans les profondeurs du classement, aussi sûrement qu'un iceberg désastreux coula jadis le Titanic. Mon skipper fait une jaunisse. B. me rassure en m'expliquant comment son mari trouve le moyen de naviguer avec autant d'assiduité: il n'est ni insomniaque, ni retraité, mais doublement sponsorisé par l'Etat français (un peu) et par elle (beaucoup).

Je pense que je vais soutenir Monsieur B., en tant qu'étudiante sponsorisée, chanteuse sponsorisée, écrivaine sponsorisée... Le non-retour sur investissement m'est régulièrement (et gentiment, mais la chose est dite !) reproché. La réaction de mon homme n'est en fait qu'une manifestation de jalousie, puisqu'il ne rêve que d'une chose : que nous inversions les rôles et qu'il devienne enfin oenologue, marin pour de vrai et prof de golf à plein temps, oubliant dans la foulée que l'existence de sponsorisé implique le rangement de la maison, le ménage, l'entretien du jardin, les réunions parents-profs, les courses, la tenue des comptes, la cuisine et surtout le fait de savoir se servir d'une perceuse et d'un marteau sans faire courir à la maison un risque d'effondrement chaque fois que le stimulus bricoleur se fait sentir. Eh oui, tout ça. Sans compter la satisfaction de mes légitimes attentes, cf. un précédent post, mais ça, ça va de soi...

mercredi 17 décembre 2008

Oui, mais moi je bosse !

Le mari de B. se gausse de la déroute de Lovict, qui baguenaude au sud des Kerguelen. Je le sais, parce que B. me rapporte scrupuleusement les propos de son mari, en état de transe devant son écran plus souvent qu'à son tour... Je livre donc à B. une explication de la déroute de Lovict (je cite les propos de mon mari qui en assume le copyright) : "tu vois les grandes lignes roses ? C'est quand je bosse. Tu vois les grandes lignes bleues de Bob Cramer ? C'est quand il dort. Le reste du temps, il tire des bords. Mais il y passe son temps ou quoi?". Donc, hin hin, la pile du Cramer est bien venue, et vivent les marines !
Je poursuis : "De toute façon, j'ai commencé une remontée fantastique, je suis 16408ème. Et l'autre, il n'est que 4062ème."

Il me semble que j'ai commis une erreur stratégique en rapportant les réflexions vexatoires de M. Bertille à M. Lovict. L'amour propre de ce dernier ne va-t-il pas le pousser à me réveiller à 3 heures du matin afin que je prenne des ris ou que je change de cap, ou tout simplement, que j'aille voir si tout va bien au large des Kerguelen ?

vendredi 12 décembre 2008

D'accord, mais je n'en pense pas moins.

J'ai laissé mon récit maritime et conjugal en plein suspense. Que croyez-vous qu'elle fit ?
J'avoue qu'après avoir réfléchi quelques secondes, je cédai au chantage, ou plutôt, pour utiliser une rhétorique empreinte d'actinobacillose linguale bovine, je choisis une alternative diplomatique. Je ne peux en effet pas me permettre de ne plus rien demander à mon mari, mes entrailles (digestives et autres) ont leurs raisons qui défient la raison, et je tiens à préserver les activités parallèles et essentielles qui font de moi tout simplement moi.
Je l'ai donc rappelé, et, bille en tête : "Non mais ça ressemble à quoi de pêter un boulon pour un bateau virtuel ? On dirait ton fils quand il joue à Fifa 2007 !". Puis, j'ai gentiment obtempéré et effectué les manoeuvres de quart qui vont sans nul doute permettre à Lovict de flanquer la pile à Bob Cramer.

jeudi 11 décembre 2008

L'heure du Samu

23h30, hier soir. Je travaille (on applaudit bien fort). La sonnerie du téléphone retentit. Mon sang ne fait qu'un tour : c'est l'heure du centre 15, des décompensations cardiaques, des crises d'angoisse, des pics thermiques.
- "sa-a-luut..."
Le skipper de Lovict vient de finir sa journée et me passe un petit coup de fil pour tuer le temps entre la signature du contrat mirobolant qui éloigne le spectre du ragout de chien pour donner des globules aux enfants, et son retour à l'hôtel. Tu parles.
-"Tu pourrais me rendre un service ?"
- Ben oui.
- Tu peux aller voir où en est mon bateau et le manoeuvrer ?
- Mon chéri, j'ai autre chose à faire et c'est non ! (pour ceux qui ont loupé les épisodes précédents, je rappelle que dès que mon mari a le dos tourné, je débranche les câbles tendus sur la moquette et je mets l'ordi de salon au chômage technique).
- C'est même plus la peine de me demander quoi que ce soit !!!! (hargne-t-il)
Et il raccroche.
Je vous laisse méditer.

mardi 9 décembre 2008

La garce !

Tout en bas de l'écran, un anneau bleu ceint le globe. Dans cette zone, aucune terre ne vient briser la course des vagues et la furie des vents. C'est là que le navigateur téméraire peut espérer rencontrer les vagues les plus hautes qui soient.
Parfois, s'élevant de la tourmente, se dresse face au marin la vague scélérate. La vague scélérate ne répond pas aux règles rassurantes de la météorologie et de la mécanique des fluides. Elle est le fruit des remous et du hasard, quantique monstruosité liquide, qui semble ne surgir du chaos que pour s'abattre sur le navire de passage. Sa chute inaugure le retour à l'état d'équilibre d'un océan débarrassé de tout corps étranger. Fugace et curative, la vague scélérate, dans sa course de l'Apocalypse, est de l'ordre du divin.

Carcharodondaine et dondon.

Lovict a croisé le Cap de Bonne Espérance et la fameuse porte, dont l'existence lui est apparue trop tardivement pour que je puisse espérer que l'aventure se finisse un peu plus tôt... Il s'est dérouté et en remontant vers le nord, est tombé dans une dépression.
Les vagues clapotent.
Pour s'occuper, le skipper sur les nerfs scrute l'horizon mouvant. Parfois, sous le vent d'une baleine, il en hume l'haleine ammoniaquée.
Pendant ce temps, à quelques mètres sous sa quille, seule l'ondulation régulière des eaux sauvages signe le passage, en toute majesté, du grand requin blanc.

Actes de langage.

La fidèle B. me relate ses aventures au Leroy Merlin du coin. Ou : comment mettre en oeuvre des procédures de gestion conversationnelle relevant d'ethnométhodes en usage au Leroy Merlin du coin, malgré le fait que les interactants soient totalement engagés dans une pragmatique basée sur un cotexte original, en l'occurrence la régate virtuelle du Vendée Globe. Traduction : comment rappeler au vendeur que les 50èmes, on s'en balance tant qu'il oublie un peu notre chéri et nous indique le prix du pot de chrysanthèmes.

Et moi, je ris.

Coup de fil de l'étonnant voyageur : il me relate sa journée (j'en fais autant), il dit bonjour à ses fistons et soudain : "Papa, il voudrait qu't'ailles voir son bateau !". Hors de question, et pis d'abord, Firefox ne veut rien savoir de la régate virtuelle (les renards sont des êtres civilisés, Saint-Ex, un vrai voyageur, LUI, l'avait bien compris...). Il faudrait donc que je tende le fil d'internet à travers la salle-à-manger (la déco de ma maison est du style "free.fr") pour connecter l'ordi vendu à Windows, alors que je viens d'enrouler les câbles de connexion pour la semaine, et ça, c'est au-dessus de mes forces. "Tu dors chez ton copain J.P, il ne va pas te refuser ça....". Au pire, J.P. va être contaminé et sa femme viendra nous rejoindre ici, où c'est qu'on rigole...

samedi 6 décembre 2008

Retour du héros (chose promise...)

Retour du Héros.
Bises, puis le héros va enfiler ses charentaises (les héros sont fatigués le vendredi soir). Et environ 3 min15 après l'inaugural "chériiiie! c'est moiiiii !", il profère :
- Faut que j'aille voir mon bateau, j'ai pas pu m'en occuper cette semaine.
- ah ?
- Ouais, et à l'Ugly Huge Full Plein d'Acides Gras Poly-insaturés d'Autun,ce soir, la wifi merdouillait. J'ai encore perdu des places !
Nous allons donc constater les dégâts, ce qui nous permet d'apprécier le parcours de Bob Cramer et de Pince-mi-pince-moi.
Le taux de testostérone du héros monte en flèche, ce qui se traduit par une diatribe (furieusement teintée d'envie) sur les ceux-là qui ont le temps pendant la semaine, et par le sempiternel "mais tu vas voir comme je vais me te les faire". Et c'est parti.
Mille excuses anticipées, donc, aux sympathiques et amicaux Bob Cramer, Pince-mi-pince-moi et autres virtuyachts qui vont se te me les faire faire.

vendredi 5 décembre 2008

Rien que pour mon abonné unique et préféré.

Méditation météopsychiatrique du jour, en attendant le retour du héros : "les vents se dirigent vers le coeur de la dépression".

L'eau, ça mouille.

Ma correspondante B. (toujours seule dans son lit) s'inquiète. Son mari (dont je rappelle qu'il skippe simultanément 4 bateaux, quel homme !), à la question "comment vas-tu ?" a répondu "mouillé". Eh oui, il rétrograde dans le classement, tout en embarquant des paquets de flotte rugissante (re-quel homme !). La régate virtuelle se charge de tout, même de vos sens.
La dernière fois que nous nous sommes vus, mon mari et moi (je suis une femme de marin à plus d'un titre, même métaphorique), il a mis le son. Je n'entends pas par là que sa communication verbale laisse à désirer, mais plutôt qu'il a mis le son de la régate virtuelle, car on a AUSSI le bruit des flots battant la coque (It cracked and growled, and roared and howled). Comme l'a bien expliqué B., ce sont les 40ème Rugissants. Les vents de 8 à 12 Beaufort soufflant dans cette zone ont toujours fait vachement de bruit, d'où. Et "Régate Virtuelle.com", dans son grand souci de réalisme, nous gratifie dudit rugissement. Autant vous dire que pour la concentration, c'est moyen, mais on s'y croirait.
J'attends le moment où le skipper de Lovict va mettre son harnais et s'accrocher au pied du bureau.

mercredi 3 décembre 2008

Le Modèle de Chantal.

B., affligée d'un mari monomaniaque qui a créé un certain nombre de bateaux virtuels (entre 3 et 5, à peu près), me décrit ses nuits languissantes, dans son grand lit glacé... Réponse.

J'ai trouvé ma maîtresse en matière de femme de cyber-marin. On applaudit bien fort la courageuse B., qui résiste vaillamment à l'adversité tout en surgelant dans son lit king size (j'ai le même). Mais, B., puisque nous vivons avec le même modèle d'homme, peut-être pouvons-nous suspecter la manoeuvre suivante (seule au lit, on a le temps de cogiter) : pendant que le vôtre et le mien se gèlent les fesses devant l'écran -on supposera pour les besoins de la démonstration que notre modèle rejoint celui décrit dans Ouest France, dit "modèle de Chantal"-, nous, non seulement nous chauffons le lit, mais en plus nous réchauffons, par les lois de la thermodynamique et de la physiologie conjuguées, nos extrémités généralement glacées au coucher (Chantal pourrait confirmer). Toute cette histoire ne serait donc qu'un vaste complot....

lundi 1 décembre 2008

Référentiel gyratoire.

Il va falloir que je fasse un effort littéraire pour mon abonné(e) fidèle. Je proscris donc les messages météorologiques du genre du précédent, qui, je l'avoue platement, n'était qu'une tentative pathétique de faire du remplissage. Je n'écrirai donc plus que le vent est un déplacement horizontal d'air produit par un gradient de pression, ni que nous vivons dans un référentiel tournant (merci à la pédagogie poétique de nos amis québecois).

Non.

Dans un anticyclone, le vent va du centre de l'anticyclone vers l'extérieur (tenir compte également de la force de Coriolis qui imprime à l'ensemble un mouvement rotatoire du meilleur effet sur vos écrans) ; tandis que le vent se dirige globalement de la périphérie vers le centre d'une dépression.
Voilà, c'est tout pour ce soir, mais c'est pas mal, je trouve, pédagogique, intéressant et tout et tout. Non ?

dimanche 30 novembre 2008

Toi, mon amie, ma soeur...

Lu dans "Ouest France" : "Leurs femmes en ont toutes fait l'expérience : la nuit, leur marin virtuel se lève pour une envie pressante et ne revient pas. « L'autre nuit, je suis allée voir, se souvient Chantal. Mon homme était tout nu devant l'ordinateur en train surveiller la position de son bateau ! »".
On se sent moins seule...

samedi 29 novembre 2008

Hydronirique

La question fondamentale abordée lors d'un de nos derniers cours a été de savoir quel sens était chez nous le plus prégnant (Gnoti seauton), à savoir : qu'est-ce qui s'impose à nous, le matin, au réveil ? La sonnerie du réveil, la lumière filtrant des volets, l'odeur du café ? (l'intervenante devait avoir un amoureux insomniaque, la veinarde).
Pour moi, ce sont les rêves, qui ne sont généralement pas considérés comme un sens. Les rêves s'imposent pourtant au corps et à l'âme, de telle sorte qu'on ne puisse douter de leur réalité sensorielle. Je suis visuelle, auditive, tactile, sans doute, mais surtout onirique. Mes rêves donnent à la journée sa couleur. Ils noient mes journées de sensations rémanentes et s'intègrent parfois subrepticement à mes souvenirs, ce qui crée des situations surréalistes et de mémorables quiproquos.
C'est ainsi que je rejoins chaque nuit la géographie mouvante d'un monde peuplé d'hommes.
C'est ainsi que je suis capable de suivre le périple d'un bateau numérique sur une mer statique.

jeudi 27 novembre 2008

Y'a plus de saisons !

C'est l'été austral. Hier, il a fait 42°C à Johannesburg, et il a neigé sur les Blue Mountains, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Sidney. On ne s'étonnera guère de telles excentricités climatiques de la part d'un territoire qui a engendré le kangourou, le didgeridoo, Crocodile Dundee et Priscilla, folle du désert.
Malgré la perspective de naviguer dans un bouillon géant au milieu de glaçons sub-fondants, Lovict fait route vers le sud. Enfin, je crois. Son skipper n'a pas sollicité mon savoir nautique, cette semaine. Je ne sais pas si je dois me vexer.

Déliquescence

Tous ceux qui ont accès à ma page personnelle savent que le TP informatique d'hier a été l'occasion d'un déchaînement bureautique de façade (et aussi celle de signer la feuille de présence), et que pendant les moments de désoeuvrement, nous avons largement utilisé les ressources d'internet, et la messagerie msn de B. (qui n'avait qu'à pas la laisser ouverte en quittant la salle. Je ne connais pas B., mais son copain est maintenant un bon pote à moi !)
J'ai donc voulu apprendre à F. F., ma voisine et future chanteuse has-been, ce qu'était la régate virtuelle du Vendée Globe. Pour ce faire, j'ai tapé "ré" dans la fenêtre idoine de Gougueule, et par la vertu magique d'une fonctionnalité qui se veut pratique mais n'est en fait qu'un horrible mouchard intégré, Gougueule m'a proposé comme un seul homme : "régate - régate virtuelle - régate virtuelle Vendée Globe". Ce qui signifie que mes futurs prescripteurs sont des glandeurs de premier ordre qui ne rêvent qu'à leur prochaine année sabbatique sur un Wauquiez-Centurion. Elle est belle, la fac de médecine...

Au soir du 4ème jour...

"-Et alors, tu vois, là, si je n'avais pas eu autant de retard à cause de toi (soir du 4ème jour), je serais là, alors que maintenant, ça va être plus difficile...
- Ha ?
- Ben oui, parce qu'il faut que je sois à peu près ici, tu vois, dans 12 heures. Il y aura un gros changement de vent, et si j'y suis, je fonce le long des côtes argentines, et zou, je récupère les vents portants et je trace le long du cinquantième parallèle.
- Pourquoi tu vas tellement au sud ?
- Ben tiens, plus t'es au sud, plus tu fais le tour rapidement. C'est plus court. CQFD.
- Mais c'est l'été austral, et il y a des bouts de banquises qui se promènent !
- Oui, mais en même temps, c'est qu'une régate virtuelle. Ca m'étonnerait qu'on se prenne des icebergs."
A la lecture de ce court dialogue et à la lumière des connaissances acquises lors de nos séminaires, vous indiquerez qui de M. ou Mme Lovict vous semble le plus dépendant au monde virtuel. Commentez.

Et on tirera la courte boise.

Et alors, les marins, ils ne savaient plus où aller.
Ils ont été sept ans sur mer
Sans pouvoir la terre accoster
Courage, courage, beau marinier !

People make the world go round.

Sous Ptolémée, des marins aventureux et très pas virtuels partirent sur l'océan Atlantique, en direction du sud. Ils pensaient que la Terre était ronde. C'était une époque tranquille, où les choses avaient un sens, et où l'homme avait des certitudes que quelques millénaires se sont chargé de battre en brèche : on sait bien désormais que ce monde ne tourne pas rond.
Toujours est-il que ces vaillants navigateurs commencèrent à flipper sérieusement quand ils virent l'étoile polaire descendre de plus en plus vers l'horizon. Imaginez-vous paumé dans une zone d'activité industrielle, ou bien sur une route vicinale entre Kermouster et Pleumeur-Gautier, de nuit, sans GPS. Ca rigole moins, hein ?
Et puis, l'étoile polaire disparut.

Au matin du 4ème jour...

Au matin du 4ème jour, Dieu s'est tourné vers sa créature et lui a dit : "Quand je pense que je pourrais être 350 milles plus loin !"
Eh oui.
Mais voilà, je suis un pilote automatique bas de gamme et mon mari n'a plus de secrétaire depuis belle lurette. Alors que dans les 125000, il y en a qui soudoient des employés de l'administration pour naviguer pendant qu'ils bossent. Elle est belle, la France tiens ! Ou alors, on peut voir ça comme une tentative habile d'augmenter son pouvoir d'achat en remportant 10000 euros, allez savoir. Ca ouvre des horizons nouveaux...

Empannage domestique.

Nous en sommes au troisième jour du "t'as vu où tu m'as fait aller avec ton cap plein sud ???". C'est le pendant ludique de mon "ça fait 5 jours que tes chaussettes sales traînent au pied du lit, compte pas sur moi pour les ramasser !".
Et je les ramasse quand même. La femme de marin est une sainte (hum).

Tous sur Facebook !

Idée géniale de Pauline : faire reconnaître la régate virtuelle comme discipline olympique. J'ai toujours rêvé d'un mari médaillé olympique, donc athlétique, rasé, sponsorisé... creusons l'idée. Y'a qu'à faire un groupe.

Le soleil, au zénith...

Qui dort dîne. Le skipper avisé sommeille à l'ombre de sa voile éteinte. Dormir, rêver peut-être... Le voilà au large du golfe du Bénin, capitaine de goélette grinçant de toutes ses vergues, attendant sa cargaison pour reprendre son périple triangulaire ; le voilà dessiné par Burne Hogath, enlaçant Alice Clayton, écoutant les cris de la jungle avant d'être débarqué sur la plage ; le voilà Vasco de Gama, et le voilà crevant de faim, parce qu'à force de ne pas avancer, il a fini tous ses lyophylisés. Vous allez voir que ça va être ma faute !

Au soir du 2ème jour...

- Bonsoir ! Tu vas bien ?
- Ca dépend de quoi on parle...
- Ha bon ? ça ne va pas ? Tu ne vends pas de seaux (s'inquiète la dame qui, très prosaïquement, vient de faire un chèque à l'orthodontiste),
- Si, si (ouf de la dame), MAIS MON BATEAU, ALORS LA, JE TE REMERCIE ! Parce que je suis planté dans le pot-aux-noirs, et que j'ai perdu 8234 places ! Tu m'as fait aller ...
- J'ai rien fait !!!
-... là où il ne FALLAIT PAS que j'aille, et maintenant....
- Ben et moi, hein, je ne sais même pas si je vais être diplômée (pour les détails, voyez "orthophonie en péril" et l'avancement douteux de mon mémoire) et pis l'éducation nationale elle ne va pas mieux que ton rafiot, mais en moins virtuel, et pis la France va maaaaaaal et l'euro va être dévalué et on népadanlamerdalors hein, tu sais ce que j'en fais de ton rafiot ???
- Essaie pas de toucher à mon bateau ! (ton adapté et terrifiant).
Je fais profil bas, mais je vous parie que je n'ai pas fini d'entendre parler de ma très grande faute.

Femme au volant, etc.

"Je te l'avais dit, pourtant, de le faire passer sous les îles du Cap Vert ! Maintenant, je vais perdre des places !". OK, on ne s'est pas compris, mais ce n'est pas la peine de prendre 2 minutes sur mon appel vespéral pour m'engueuler à cause d'un bateau qui existe à peine. Alors j'y ai dit : "Eh, au lieu de me pêter un sequètche pour un rafiot virtuel (oui, je parle comme ça, en vrai), tu ferais mieux de vendre des seaux pour qu'on puisse manger, nous autres". Comme ça l'a mouché, je vous raconte pas. Bien sûr, c'est un coup en vache, puisque moi, ça fait belle lurette que je suis improductive et qu'on pourrait me rétorquer que je ferais mieux d'avoir mon diplôme, ce serait même plus sûr que les seaux de XXX, nom déposé. Mais peut-être que le diplôme, ça ne dépend pas que de moi.......... hein, les filles, c'est la fête !

Carte nautique

Lovict se la coule douce, ce qui pour un voilier pourrait augurer du pire. En ces latitudes tièdes et gaiement ventées, la carte nautique n'est pas nécessaire. La carte nautique est pourtant un bel objet, un instant de rêve géodésique, un roman pour qui sait et peut la lire. La carte nautique se décline en qualités diverses: la plus belle est plastifiée et résiste à la malveillance conjuguée des embruns, de la houle et de la tasse de café trop pleine. Constellée de signaux cabalistiques, elle engage son lecteur à prendre l'amer. Elle a été achetée chez un shipchandler pour servir la prochaine fois qu'on reviendrait, puis on a projeté d'en orner un mur trop blanc. Mais la carte nautique, comme la mer, est trop vaste pour être contenue dans un cadre, et on ne la punaisera pas sous peine de ruiner son étanchéité.Depuis, la carte nautique attend , bien à plat sous une pile de draps.

Petit pays, je t'aime beaucoup.

Après une magnifique remontée dans le classement, Lovict s'est encalminé toute la journée, ce qui a permis au skipper virtuel d'admirer les jeux des dauphins au large de la Mauritanie et de relire " Rapport technique de l’expérience de survie prolongée en mer à bord de l’Hérétique en 1952". Paris, 1954 (Bombard A.). Voilà donc mon mari préféré (et pour cause) à la recherche d'une borne wi-fi. Et ça tombe bien, car à Tatayoune-les-Oisillons, où il se trouve, une enseigne internationale de restauration la plus rapide possible attire les voyageurs en proposant une connexion interneti ! Le voici donc à dévorer un Huge Ugly Full Cheese Burger, tout ça pour que la borne ne fonctionne pas. Et dans ces cas-là, que fait-on ? On appelle sa petite femme pour qu'elle abatte un petit peu et jette un oeil sur les prévisions météo... Lovict passe loin des îles du Cap Vert. L'écho de la morna ne viendra pas troubler la sérénité de sa course. Je m'occupe de tout.

Khi 2 nous deux aura l'ordi ?

Je ne vois qu'une raison pour laquelle personne d'autre que mes- propres- copines- à- moi- perso ne rejoint ce groupe magnifique, superbe et déchirant : les navigateurs virtuels (leur race maudite, qu'ils coulent !) monopolisent les ordinateurs de salon. Encore une preuve flagrante du machisme ambiant (en supposant que 69 456 des 73617 voguants sont des hommes, ce qui est probable, z'avez qu'à calculer le Student, le Khi 2 et l'âge du capitaine pour vous en convaincre.
Evidemment, il y a la possibilité que certains d'entre eux vivent seuls, ou régatent depuis leur bureau, ou encore sont des femmes, ou même des zados de tout sexe, mais si on se met à chipoter, on n'écrit plus rien de vraiment crétin et c'est beaucoup moins drôle... à supposer que ça le soit.

Un petit plus à l'ouest...

Le skipper de lovict a fait route vers le sud, ce matin et pour de bon, avec sa belle voiture toute neuve et lombalgogène. Il a toutefois commis la grave erreur de dormir avant sa migration, ce qui a permis à son youyou de bois de se planter à 7 noeuds quelque part au large du détroit de Gibraltar. Il va me faire honte. Mais c'est bien sa faute, il n'avait qu'à s'équiper d'un pilote automatique.
Bref, sa trajectoire fait une encoche plein ouest, comme s'il avait voulu rallier le port de Lisbonne, alors qu'il ne faisait que chercher la risée salvatrice qui l'amènerait jusqu'au Canaries en un souffle de géant, pouf, comme ça.
A cette heure, je me sens l'âme mutine d'un machiavel billgatesien. Comme j'ai accès à son bateau, si j'allais faire un tour aux Açores pendant qu'il dort ? Une déviation de rien du tout, à peine 90°, un petit cap compas de 300, et zou, rendez-vous sous le palmier de M., d'ici 4 jours, à Rabo de Peixe... à moins qu'il ne m'ait tuée avant ?

12 novembre 2008

Lovict vogue au large du Portugal. Sur l'écran (dans mon dos), le voilier magnifique est repéré par des cercles clignotants, centrifuges, un peu comme si on venait de le projeter là, dans le bleu, comme un vulgaire caillou (alors que c'est un voilier magnifique, je le rappelle). Son skipper a fait le capitaine toute la journée avec les enfants, pendant que j'étais en stage. Il y a même eu l'escale au bistrot du port, c'est pas tous les jours dimanche ! Il a géré tout ça comme un chef, il ne pourra donc plus me faire croire à l'impossibilité cognitive que représente le fait de trier ses chaussettes pendant qu'on téléphone à un client.
A part ça, il n'a pas bougé au classement, aucun joueur ne l'a rajouté comme ami et il a "1 nouveaux messages" (sic). Il est loin, le temps où le prototype du marin barbu fumeur de pipe et amateur de whisky traitait les lampistes d'anacoluthes en français dans le texte...

11 novembre 2008

A la suite de quelques questions émanant de mes camarades de classe interloquées, je me fends royalement de l'explication suivante : pour tout renseignement, allez sur la site de France 3, section "Vendée Globe". Imaginez le monde sous la forme d'un écran bleu barré de flèches sur Fisher, German, Utsire, Cap Finisterre et Golfe de Gascogne, toutes ces belles choses festonnées du blanc des côtes. Imaginez un monocoque fuselé, vêtu de grand-voile, gênois, spinnaker, gennaker, trinquette, tourmentin et autres bouts de tissus technomusclés, imaginez un nom pour cette merveille (ça va de Hurricane à Titi88) et imaginez que vous voguez dans un plan vertical because l'inclinaison de l'écran qui correspond judicieusement à celle de la surface du globe dans ces zones encore tempérées (je vous dit pas comme on va rigoler passé l'équateur), n'imaginez pas le bruit des vagues parce que si vous avez le son sur votre bécane vous avez AUSSI le bruit des flots sur le franc-bord, et voilà, en route.

10 novembre 2008

Heureuses femmes dont le compagnon est un terrien auquel la seule évocation du mot "vague" donne la nausée. Mon mari a, lui aussi, un mal de mer, mais d'une toute autre nature. Il se demande encore par quel jeu du hasard (voire du destin, pour ceux et celles que les probabilités terrorisent) il a conçu des enfants enracinés dans le terrain argilo-calcaire de la France continentale. Tous les matins, dans le bleu de ses yeux, il voit la mer.
Alors, quand France 3 lui a proposé de participer au Vendée Globe Challenge virtuel on the net et face to the screen, il s'est inscrit, enfin, je l'ai aidé à s'inscire (mon dieu, qu'ai-je fait ???), car il est un dieu du Winch et de la règle Cras, mais pour ce qui est de la souris, il se pose là. Le voici donc voguant au gré d'une météo réelle (c'est ça le truc : il y a tout pour s'y croire), prévoyant son cap en fonction de son temps de sommeil et pestant à 90 dB devant le site qui a planté au démarrage, car ils sont 44000 et caetera à se tirer la bourre sur l'atlantique numérique de Virtual Regatta qui n'a pas résisté à la surpopulation internautique. Compatissez, car cela signifie qu'il y a 44000 femmes de marins embarquées dans ma galère (en plus des 30 et quelques dont les hommes sont réellement partis faire le tour du Globe, et qui ne mesurent pas la chance qu'elles ont). Je me demande donc si, dans les Cinquantièmes Hurlants virtuels(en bas de votre écran), une vague scélérate virtuelle ne risque pas de faire de moi une veuve virtuelle. J'aurais peut-être une paix virtuelle. Mais je crèverais de faim virtuellement, à moins que je creuse un déficit virtuel dans nos économies virtuelles. D'autres l'ont fait avant moi, et ça a drôlement bien fonctionné...