samedi 23 novembre 2024

First song (intermède 2)

 Alors que je feuillette le magazine politiquement correct qui a malgré ce défaut majeur l'intérêt de m'informer des programmes de la télévision ET de la radiodiffusion françaises, tout en me culturant un peu, je tombe sur l'impensable (en page musique).

Melody Gardot, qui n'est pas dénuée de talent et m'aurait sans doute bien plus intéressée si Billie Holiday n'avait pas existé avant elle, vient, dans son nouvel album, de reprendre First song

Je m'insurge.

First song appartient à jamais à Abbey Lincoln. Et à Charlie Haden, qui en a composé la musique, ce qui n'est pas rien, sacré Charlie. Mais à Abbey Lincoln d'abord. C'est comme ça, point. Et maintenant que Melody Gardot a exhumé cette chanson que j'aime depuis des siècles et qui, de par sa rareté sur les ondes, résonne chaque fois comme une madeleine (c'est bizarre, cette tournure, on veut faire des jolies phrases et on se retrouve à faire résonner des madeleines au mépris de la physique la plus élémentaire (et ce n'est pas J.-P. qui me contredira sur ce point, à moins qu'il convoque le quantique des quantiques), je le sens gros comme un iceberg que toutes les écorcheuses de reprises vont me la cordevocaliser vilainement, me la massacrer, me l'imposer aux oreilles en moche, peut-être avec des trémolos de R'n'B, ou (achevez-moi) des timbres à la Billie Eilish (c'est mon blog, j'écris ce que je veux !). First song. Merde alors.

Conjurons le sort. Ecoutons First song par Abbey Lincoln.

Et songeons que la première chanson qui fut n'était pas le chant d'un oiseau, mais celui du vent.

Aucun commentaire: