lundi 20 janvier 2025

Aide-toi. Tout seul. Enfin, ça dépend où (1)

 On a écrit des pages sur l'entraide légendaire des gens de mer (1). Il me faut apporter à ce postulat quelques nuances qui doivent tout à mon expérience et à la mise en œuvre de statistiques bayésiennes (je défie quiconque de mener une expérimentation avec golden standard sur cette épineuse question) tout à fait personnelles.

Comme les stat', tout le monde s'en balance - sans compter le fait que les mathématiques sont à la littérature (oui, j'ai de l'ambition) ce que je suis à la marine à voile - je décrirai ici quelques-unes des expériences que nous avons vécues avec ou sans Oop-pop-sh'bam, parce qu'avant de posséder notre moyen de déplacement, nous louions des voiliers avec des copains, jusqu'à ce qu'une journée funeste me fasse comprendre les liens entre le cerveau et le tube digestif, ma naupathie ayant alors déclenché une série d'hallucinations (j'avais après cela décidé de ne plus jamais aller en mer).

Nous avons beaucoup navigué sur la façade atlantique. Il nous est arrivé de devoir nous mettre à l'abri pour plusieurs jours en raison d'un coup de tabac. Dans ces circonstances, les ports sont des ports, c'est-à-dire des asiles pour les marins et leur embarcation. Il y a toujours moyen d'y caser un bateau supplémentaire ; on se retrouve à couple, triple, quadruple, peu importe, on se serre les coudes, on accueille, on aide. Les capitaineries excellent au Tetris. Le breton exilé en Méditerranée découvre une toute autre ambiance, sans pour autant oublier ses valeurs. Ainsi, lors de notre piteuse arrivée sans mât à Campo Moro, sous l'œil bovin de la population aquatique, ce furent des Bretons, qui avaient eu l'étrange idée de louer un catamaran (pour voir), qui mirent à l'eau leur annexe pour venir nous prêter main forte - les mêmes qui nous firent bon accueil lorsque le membre honoris causa du groupe Wagner menaça de nous envoyer par le fond, à Rondinara, suivez un peu, quoi.

Parmi mes souvenirs les plus cuisants, cette journée de mistral hallucinogène (j'ai vu des trottoirs dans les vagues) m'a définitivement fait comprendre l'esprit du plaisancier du sud. Je n'étais pas la seule à rendre tripes et boyaux sur le voilier que nous avions loué : le capitaine (mon mari, déjà, ce héros) avait donc décidé de nous abriter à Port Cros. La capitainerie ayant rejeté notre demande d'appontement, nous avions cherché un coffre, mais même dans des eaux bien plus calmes, nous avions été refoulé par les autres skippers, refusant de nous prendre à couple. Je leur dois de longues années de nauphobie, merci les gars.

Plus récemment, en Corse... (2)

(1) Je crois. Je n'ai pas tout lu non plus, hein.

(2) Le meilleur cliffhanger ever.

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