Ma soirée de repassage hebdomadaire (1) a eu lieu devant un intéressant documentaire d'Arte.
Il y était question de la chasse aux sorcières qui a fait quelques dizaines de milliers de morts en Europe entre les XVème et XVIIème siècle. Ça ne rigolait pas trop, à l'époque, entre les soldats, les impôts, le créancier et la corvée (cultivez-vous, bordel !).
Mais que vient faire ce thème sur un blog consacré à la navigation dans ce qu'elle a de plus amateur ? Ben, il y a un lien (vous vous doutez bien que j'en aurais trouvé un quoi qu'il arrive).
La traque et les jugements de sorcières ont commencé en 1609, sous la direction (super éclairée) du juge Pierre de Rosteguy de Lancre, mandaté par Henri IV qui avait besoin de boucs émissaires en sa grande sagesse, dans la province basque du Labourd.
Les basques sont un peuple à la langue étrange, venue du fond du paléolithique. Leurs coutumes, au XVIIème siècle, relevaient de rites païens dont existent encore des survivances de nos jours. Tout cela n'était pas très catholique. Surtout, les hommes de la province du Labourd avaient pris la fâcheuse habitude de quitter six mois par an leur région peu fertile pour aller pêcher la morue du côté de Terre-Neuve, laissant de ce fait leurs épouses, mères et filles s'occuper de la maisonnée, des bêtes, du potager et du repassage pour aller manier la turlutte qui n'est pas ce que vous croyez.
Pierre de Lancre, qui était un sacré psychopathe, est arrivé dans ce beau pays d'amazones libres et, en témoigne-t-il, assez girondes, et s'est un peu lâché en mode Mengele de la Renaissance. Game of Thrones, à côté des distractions du bon juge, c'est de la gnognotte. Et comme l'imitation sociale (surtout quand elle autorise à s'en payer une bonne tranche) est ce qui se fait de mieux pour permettre l'évolution des sociétés (rappelez-vous les orques de Gibraltar), les innovations législatives de Monseigneur de Lancre ont rapidement fait jurisprudence dans toute l'Europe, avec quelques variantes distrayantes selon les pays.
Mais au bout de six mois, les pères, fils et époux sont revenus de leur campagne de pêche et ont été mis devant le fait que leurs sorcières de femmes (mères ou filles) avaient expié leurs péchés par le feu, la roue, l'estrapade ou toute autre peine à la mesure de leur nature maléfique, les laissant libres de choisir une compagne bien sous tout rapport, de préférence bigote, modeste et soumise. Et là, au lieu de profiter de la chance qui leur était donnée, les gars se sont mis sérieusement en rogne, contraignant l'incompris Pierre de Lancre à déserter le pays pour aller juger ailleurs, ce dont il ne s'est pas privé.
Longtemps après, Voltaire a écrit que les sorcières avaient cessé d'exister quand on avait cessé de les brûler. Quant aux terre-neuvas, ils ont poursuivi leurs équipées maritimes jusqu'au début du XXème siècle, contribuant ainsi à la persistance d'une mythologie antique, celle des femmes de marins, dont j'ai rejoint le cercle le 14 octobre dernier (2) (je vous avais dit que je retomberais sur mes pattes !).
(1) Oui, mon chéri, en ton absence, je repasse ce que tu m'as laissé de linge, et même je lave le tas de cottes et gilets tout droit venus des étables, que tu as abandonnés dans le garage.
(2) Mes aptitudes à la sorcellerie se limitent quant à elles au séchage de plantes, à l'élaboration de tisanes et au fait de nourrir mes enfants avec les mauvaises herbes du jardin.

2 commentaires:
Bonjour Laura,
merci pour ce moment de culture dépaysant en ces temps de lutte contre la dermatose nodulaire contagieuses pour ce qui concerne mon quotidien depuis un mois et demi !
Moi j'ai arrêté de repasser en hiver, sauf les cols de chemises !
Bisous à la vaillante femme de marin que tu es
Merci, ma copine skippeuse !
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