Ces derniers jours, j'ai admiré sur MarineTraffic la route de Bula, qui n'avait rien à envier à nos pérégrinations sur Oop-pop-sh'bam. Je rappelle que notre Start 6 (marin et vaillant) a une longueur de 6m20 et des capacités hauturières limitées par un défaut d'insubmersibilité, un manque d'équipement et l'oreille interne de son équipière attitrée.
L'explication du cabotage de Bula ne réside pas dans les beautés de la Costa del Sol mais doit tout à nos copines cabotines les orques (1)
En effet, l'espèce est protégée. Comme le loup. En substance : ce n'est pas parce que la bête t'embête qu'il faut que tu la zigouilles. Il a donc fallu trouver des parades inoffensives à sa sale manie de couler des bateaux. Le problème, avec les patous, c'est qu'ils nagent difficilement et sont comestibles. Fort heureusement, le behaviorisme est arrivé à la rescousse des plaisanciers.
Le behaviorisme (en français : comportementalisme) est le fruit du vaste cerveau de Burrhus Frederic Skinner. Ce type avait de fascinant le prénom, le crâne (qui donne envie de faire un D.U. de phrénologie), ainsi que la propension à passer le rasoir d'Ockham sur n'importe quel comportement. Appliquer la logique skinnérienne à toutes les conduites de tous les êtres vivants mènerait à estimer que le comportement abscons de ces trois-là n'est absolument pas le fruit de leur culture et de leur riche expérience personnelle, mais est strictement lié à l'absorption d'alcool, ce qui, convenons-en, est un peu léger :
Les trois en question, pour mémoire.
Les scientifiques ont en effet répondu à l'épineuse question des orques par la science du comportement (là où Winchester et Beretta auraient résolu le problème par la technologie) : un comportement indésirable s'éteint s'il n'est pas renforcé. Les adeptes de l'éducation positive (ou leurs victimes collatérales) comprendront immédiatement : il faut ignorer les conduites inopportunes. Mais dans le cas précis, ça paraît un peu juste, les orques ne trouvant de plaisir qu'à démonter les navires tout en restant totalement insensibles aux encouragements éventuels des plaisanciers (qui peuvent être des cris de détresse ou des menaces de tirs de kalachnikov (2), mais ça, les orques l'ignorent).
Il a donc été conseillé aux skippers de naviguer dans la zone des vingt mètres de profondeur, peu fréquentée par les orques, afin d'éviter de leur donner l'occasion de s'amuser tout en espérant qu'elles finiraient par oublier leur petit jeu. J'ai un doute, parce que ces animaux ont une belle longévité et une sacrée mémoire, mais ça se tente. C'est là que ça devient drôle, car cette zone (des vingt mètres -concentrez-vous) est également très prisée des aquaculteurs espagnols. Pour ceux qui ne savent pas à quoi ressemble une ferme aquacole en eau de mer, sachez qu'il y a des drapeaux qu'on repère généralement (et surtout si on a omis d'étudier la carte) quand on a le nez et l'étrave dessus, et entre les drapeaux (avant les poissons), des cordages et des filets, bref, le gros foutoir pour un voilier.
Bien sûr, Skinner avait plus d'un tour dans son sac. Il avait également théorisé l'art de la fessée le
renforcement négatif, qui est beaucoup plus intuitif que son contraire,
le renforcement positif (c'est pourquoi flanquer une claque à un gamin
qui abuse de notre patience est un acte réflexe contre lequel luttent vainement avec
une constance qui force le respect les adeptes de l'éducation
positive). Les occupants de Bula (qui sont, vu leur âge, des boomers
élevés à la torgnole et aux heures de colle, noyant leurs souvenirs dans
le Porto et ignorant tout de la psychologie positive) ont donc prévu
pour éloigner les orques un bidon de gasoil (???), des pétards, une
chaine de chantier (???) et un émetteur à ultra-sons.
Je m'insurge contre cette débauche de moyens (dont certains méritent une explication), alors que l'arme absolue a embarqué à Bonifacio : le couple infernal formé par la guitalélé et le larynx de mon mari.
(*) Quand j'aurai touché le fond, je remonterai. Je fais bien sûr allusion aux titres lamentables de mes articles.
(1) Il paraît que je me plante et que les orques, ce sera plus loin. Mon erreur n'altère en rien la pertinence de cet article vachement chiadé.
(2) Mince, non, ça, c'est en Corse.

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