Le blog de Philippe (débrouillez-vous pour le trouver) me permet de suivre les pérégrinations de Bula, qui à l'heure où j'écris cabote au plus serré le long des côtes espagnoles afin d'éviter une rencontre avec les orques. Il m'offre également la possibilité de garder un œil sur la conduite de mon mari.
Et là, j'ai du souci à me faire. Parce que pendant que je turbine, y compris le weekend (le prochain étant consacré à l'acquisition de connaissances théoriques sur l'apnée - ce qui constitue un investissement sur l'avenir de nos navigations avec Oop-pop-sh'bam (pessimiste ? Moi ?)) -, l'Equipier se familiarise avec la culture locale, qui, si j'en crois les photos du blog, est essentiellement tournée vers le produit de la vigne et du travail des hommes.
Les terre-neuvas étaient moins à la fête, non plus que l'illustre prédécesseur de nos dilettantes croiseurs d'océan, qui d'une part n'avait pas la tête à raconter des blagues de Toto sur la Santa Maria et d'autre part devait se dire qu'il arriverait aux Indes sans dents ni cheveux ni ongles, étant donné l'inéluctabilité du scorbut en ces temps ignorants du réfrigérateur.
J'ai longtemps pensé que cet homme était un fou. Savoir que la Terre est ronde et que quitter un point A en suivant un parallèle mène forcément au même point A est une chose. Prendre la mer au petit bonheur avec l'idée qu'un jour où l'autre apparaîtront les Indes en est une autre. C'était sans compter la sagacité de Christophe, porteur comme par hasard du nom du saint patron des voyageurs, qui avait préparé sa traversée en tenant compte des données de la géographie de l'époque et de quelques approximations personnelles, effectuées à la louche avec un optimisme qui devait tout au Vinho Verde. Ainsi, Colomb estimait la distance entre le Portugal et les Indes à environ 2400 milles marins (4400 km), ce qui correspond à peu près à la distance effective entre le Cap Vert et la Guadeloupe. Il y en a qui sont vraiment nés coiffés. On connaît la suite et l'infernale bougeotte initiée par le Gênois, qui depuis le XVème siècle peuple les mers d'une faune qui n'a rien à y faire.

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