La course se poursuit. Argyronète passe très au Nord des îles Crozet. N'écoutant que ma curiosité et les liens hyper-textes, je me surprends à béer devant la page Wikipédia concernant l'île aux Cochons.
Les îles Crozet sont un sympathique archipel volcanique. Ici s'arrête la comparaison avec les Açores, car là où les Açores verdoient sous la houppelande de l'anticyclone de même nom, ça rigole moins dans le sud de l'océan Indien. Cent jours par an, les vents y dépassent 100km/h. On se demande bien pourquoi les champs d'éoliennes sont installés devant la Baule plutôt que dans les Terres australes françaises.
Deux des îles de l'archipel portent des noms charmants : l'île aux Cochons, et l'île des Pingouins, qui sont en fait des manchots. Si les manchots sont les habitants de l'île depuis que le manchot manchotte, que venaient faire les cochons sur l'île éponyme ? Wikipédia m'apprend que les marins, las de s'échouer sur ces rochers stériles, avaient décidé de prévoir le coup et introduit des suidés sur l'île en vue de leur prochain barbecue. Bon. Classique. Mais poursuivant ma lecture, je découvre qu'en 1887, le voilier Tamaris ayant fait naufrage sur les récifs de l'île, l'un des survivants a l'idée de choper un albatros et de lui "confier" une plaque de tôle gravée d'un appel au secours.
Je m'interroge. Le matelot a-t-il pendu la tôle autour du cou de cet exotique et précurseur Vaillant ? Ou l'a-t-il accrochée à une de ses pattes ? Ou a-t-il apprivoisé et dressé l'animal, qui, saisissant la plaque, a renoncé à s'alimenter pendant quelques jours, ne pensant qu'à tirer son maître adoré du pétrin (va, bel oiseau, vole et sauve moi ?), telle la colombe de l'Arche ? J'avoue ma perplexité.
Le plus incroyable, c'est que l'idée saugrenue a fonctionné. On suppose qu'une vigie influencée par Coleridge a shooté the albatros, mais que loin d'attirer sur elle la foudre des esprits marins, elle a vu sa veuve récompensée d'une pension à vie de femme de héros, puisque grâce au sacrifice opportun du prince de nuées reconverti en employé de la poste, l'équipage du Tamaris a failli être sauvé. Eh oui, pas de bol, ces hommes de peu de foi ayant commencé à trouver le temps long et la perspective du cannibalisme de survie peu enthousiasmante, avaient décidé que si le capitaine Bligh, un Anglais (fi donc !) avait réussi à sauver une vingtaine de matelots fidèles à la Navy en parcourant 4000 miles sur une embarcation de fortune, il n'y avait aucune raison pour qu'eux ne parviennent pas à couvrir dans les mêmes conditions la modeste distance (65 milles) qui les séparaient de l'île de la Possession. Mais apparemment, il y avait une raison.
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