J'ai laissé l'équipage d'Oop'pop'sh'bam et son fier destrier à l'entrée du port du Crouesty, même pas amochés, fatigués, et dans l'exaltation qui suit les moments où on a bien failli y passer, mais non, pas pour cette fois-ci. Je ne suis pas sûre qu'Oop'pop'sh'bam ait la cognition nécessaire à cette joyeuse constatation, mais l'absence de la preuve n'est pas la preuve de l'absence et peut-on dire qu'un voilier soit un objet inanimé, donc par essence sans âme ? Vous avez trois heures.
Les humains de l'équipe se réconfortent avec de l'eau douce (chaude. On ne chantera jamais assez les mérites de l'eau douce - chaude), font un brin de rangement dans le champ de bataille et s'apprêtent à passer une nuit paisible au port. C'est là, dans le calme incomparable qui suit les tempêtes, qu'un bruit retentit. Plouf. Ou splatch, on ne va pas se battre.
Je m'émerveille sans cesse de ce que l'expérience parvient à bâtir dans le cerveau, à savoir, dans la situation que je vous relate, le fait qu'un gros "plouf" signifie qu'un objet non identifié projeté à une vitesse V dans l'élément liquide ne peut être un caillou, un cormoran, un fou de bassan dégénéré rendu à l'état citadin, ou plus sûrement un téléphone portable, mais doit être doté d'une masse bien supérieure. Au minimum celle d'un labrador, ou d'une mobylette.
Nous sortons la tête du carré pour voir la tête du labrador, et c'est celle de Marc Lombard qui s'offre à nos pieds.
Je précise tout de suite que l'objet à peu près flottant que nous venons d'identifier n'est en aucun cas LE Marc Lombard récemment décédé, architecte naval de grande renommée, mais un homonyme. Bien sympa, d'ailleurs, et fort reconnaissant, puisqu'il n'hésite pas à nous inviter à son bord une fois que nous l'avons extirpé de sa position inconfortable entre la coque de son voilier et le catway. On papote, on papote (ça tombe bien, nous avons une fortune de mer à raconter) et la conversation glisse vers l'équipement électronique des navires, et les interrogations de notre capitaine qui aimerait doubler ses cartes en papier d'un système de navigation GPS. Et là, comme dans un film de Noël américain (pas les Gremlins, hein, il y a trop d'eau autour de nous pour ça), notre rescapé du ponton nous révèle qu'il est le modeste concepteur d'un petit système sympathique qui fonctionne pas mal.
Nous naviguons depuis avec l'aide inconditionnelle de ScanNav, auquel je ne comprends rien, mais il ne faut pas demander à une naupathe de niveau international de saisir quoique ce soit à un machin clignotant dans un environnement mouvant. Le capitaine, lui, maîtrise le truc parfaitement ; le service après-vente est réactif, et nous sommes toujours là pour en parler, ce qui en constitue la meilleure publicité.
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