mardi 3 février 2009

Addict au logis.

B. m'a fait un aveu. Son mari est inscrit depuis fort longtemps à la Volvo Ocean Race. Bigre. L'affaire s'annonce délicate.
Le danger, quand on vit avec quelqu'un d'aussi sensible aux addictions en tout genre, c'est la destruction du cadre familial, tous les addictologues vous le diront. Une de mes amies, qui pratique cette discipline à l'hôpital, me racontait que les copains de ses patients, hospitalisés pour une désintoxication, leur apportaient en douce des barrettes en tout genre afin qu'ils supportent mieux le manque. Imaginons un instant le futur de monsieur B. Les joues caves, l'oeil hagard, le plasma chargé d'un cocktail de neurotropes, il scrute sur le mur saumon qui lui fait face une reproduction joliment encadrée au format 30x40 des "Tournesols". L'infirmière vient de lui proposer du chocolat exempt de théobromine, salsolinol, sérotonine, théobromine et anandamide. Berk.
Monsieur B. mâchouille sans grande conviction cet insipide succédané. Sa rêverie lui fait suivre sur le mur un point clignotant suivi d'une ligne rose, se déplaçant avec la circonspection de l'araignée mâle en quête de partenaire.
On frappe. Entrent trois personnes, au comportement tout à fait semblable à l'araignée sus-citée. C'est tout juste si on n'aperçoit pas un fil de traîne. Ces Pieds nickelés du grand frisson hospitalier extirpent des téléphones portables de leur poche, et la sarabande commence. L'un est connecté au Vendée Globe virtuel, l'autre à la Volvo Ocean Race, le troisième au Trophée Jules Verne.
Les neurotropes s'activent désespérément sur les complexes macromoléculaires intramembranaires des quelques synapses restant à monsieur B., sa fréquence cardiaque s'accélère, il transpire, ses yeux se dilatent, les moniteurs s'affolent, une sirène retentit, les Pieds nickelés s'égayent par la fenêtre du troisième étage, George Clooney lui-même (qui d'autre ?) fait irruption dans la chambre... trop tard.
Quelques jours plus tard, B. sert son 42ème Nespresso à George, avachi dans le canapé d'un salon aux murs pas poncés. Tant il est vrai que l'addiction est un phénomène universellement répandu, se jouant des générations, se jouant des sexes.

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