Bula fend les eaux, au portant, en direction du Cap Vert (décision collégiale de l'équipage, qui a décidé de voir du pays et des bistrots avant de se lancer dans la grande traversée). Tous les matins, je visite Marinetraffic.com et Windy pour faire un point sur l'avancée du bateau et son allure. Pour le moment, on est dans de la navigation alanguie, les seuls risques étant la collision nocturne et l'empannage intempestif. En me déplaçant sur Windy, j'ai également appris que des vents chauds allaient souffler sur novembre et que mes forêts se déplumeraient sous un ciel bleu. Chouette.
Avant son départ des Canaries, l'équipage s'est étoffé de deux nouveaux membres, ce qui est une bonne nouvelle puisque les quarts de nuit s'en trouveront allégés. L'un des nouveaux matelots est une marinette un marin suisse. D. a un grand sourire sympathique et des quasi-compétences de voilier, ce qui porte à confusion (1). J'impose en ce qui la concerne le terme de voilière (Zygielle a parlé, fin de la discussion).
Mais houlala, mince, mince, mince, voilà une femme au milieu de cinq hommes ! On s'est mutiné pour moins que ça, du temps de la marine à voile ! L'équipage ne risque-t-il pas un échauffement des sens, exacerbé par l'élément sauvage qu'il tente actuellement de dompter, comme le suggère la poésie flamboyante dans le style et glauque dans le fond, que j'ai découverte récemment et qui fera l'objet du prochain article de la série Misères et infortunes des femmes de marins ?
Eh bien non, parce que tous ces mâles sexagénaires cisgenrés messieurs savent se tenir, et que la littérature est formelle : pas touche à la femme, y compris embarquée, y compris matelote, terme dont le contexte nous apprend qu'il ne s'agit pas d'un plat d'anguilles tronçonnées et accommodées de vin rouge et d'oignons, délice indigérable au demeurant, mais bien de la femelle du matelot.
Ainsi, parce qu'il est toujours utile de coucher sur le papier ou de graver dans la pierre les grands tabous de l'espèce, Henri Vincenot, (dont je n'ai lu aucun livre, mais Google permet de se targuer à bon compte d'un vernis de culture en quinze secondes chrono), écrivit en 1984 ce commandement du marin :
« La Femme, matelot, c’est le temple de l’humanité. C’est dans son ventre qu’un grain de ta semence, que tu ne verrais pas seulement à l’œil nu, même avec une lunette marine, se transforme en un être vivant, comme toi, qui sera un autre toi-même… Un temple comme ça, matelot, tu ne le profanes pas !… Ou alors tu deviens moins qu’une bête. »
« La Femme, matelot, c’est le temple de l’humanité. C’est dans son ventre qu’un grain de ta semence, que tu ne verrais pas seulement à l’œil nu, même avec une lunette marine, se transforme en un être vivant, comme toi, qui sera un autre toi-même… Un temple comme ça, matelot, tu ne le profanes pas !… Ou alors tu deviens moins qu’une bête.
« La Femme, matelot, c’est le temple de l’humanité. C’est dans son ventre qu’un grain de ta semence, que tu ne verrais pas seulement à l’œil nu, même avec une lunette marine, se transforme en un être vivant, comme toi, qui sera un autre toi-même… Un temple comme ça, matelot, tu ne le profanes pas !… Ou alors tu deviens moins qu’une bê
« La Femme, matelot, c’est le temple de l’humanité. C’est dans son ventre qu’un grain de ta semence, que tu ne verrais pas seulement à l’œil nu, même avec une lunette marine, se transforme en un être vivant, comme toi, qui sera un autre toi-même… Un temple comme ça, matelot, tu ne le profanes pas !… Ou alors tu deviens moins qu’u
(1) Un voilier, quand il s'agit d'un être humain, fabrique des voiles.

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire