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dimanche 2 novembre 2025

Polysémie douteuse

 Une des lectrices de ce blog (coucou, copine !) est une navigatrice avertie. Elle a, dans nos jeunes années, eu la lourde tâche de seconder (vous pensez bien qu'il n'aurait jamais lâché ses prérogatives de Capitaine) aux commandes de divers voiliers cet être prodigieux...

... dont mon mari est l'incarnation, bien qu'il ait renoncé à la bouffarde
et jamais porté les cols roulés qui pourtant sublimeraient son look
et me libéreraient du repassage de chemises.

Jadis, mon amie et mon tout frais mari sont même partis ensemble en voyage de noces, NOS noces, mon Archibald d'époux ayant pris la mer pour fêter ça, pendant que je bossais ma thèse au coin du feu (et au mois de juin, youpi).

En répondant à un commentaire de notre copine voileuse, je me suis demandé comment on appelait une femme marin (à part "une femme marin"). Le web a la réponse. On dit "une marinette". Promis. Ce milieu de machos n'a rien trouvé mieux que le suffixe hypocoristique -ette, celui qu'on colle à l'auguste casque pour en faire un ridicule couvre-chef à visière, à la digne barque pour la transformer en biscuit, au flamboyant Olivier Giroud quand il passe d'un club à l'autre, à l'imposant camion pour le muer en utilitaire passe-partout, à la noix pour désigner la noisette ; bref, vous avez compris l'idée : on minimise le féminin par le féminin. 

Mais ce n'est pas le pire (accrochez-vous). Figurez vous que mes amies, mes sœurs, les membres du FCE France - traduction : l'association des Femmes Chefs d'Entreprise (dispensez-vous de remarques sur l'orthographe du mot "chef" dans ce contexte et celui d'un article sur la féminisation des noms communs, on s'en tape, c'est moi le chef) - ont attribué l'an dernier leur prix coup de cœur à la Marinette® que voici en fonction :


Loin de moi l'idée de vouer aux gémonies l'ustensile, dont le bénéfice est indéniable (1). Je suis moi-même équipée d'un Gogirl® dont j'ai déjà parlé. Mais pourquoi, Mesdames les conceptrices, l'affubler d'un nom pareil ?

Afin d'éviter le ridicule sur les pontons et au Peter's Café, la femme marin restera donc un marin. J'ai dit. 

(1) L'usage de la Marinette sur un bateau est toutefois soumis à controverse, les deux mains étant requises. On se rappellera l'adage qui veut que la majorité des marins retrouvés noyés le sont la braguette ouverte, alors que l'engin étant bien accroché, ils disposent encore d'une main pour s'accrocher au rafiot ; ce n'est donc pas pour envoyer à la baille l'équipière et son pisse-debout nécessitant les deux mains.

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