Archives du blog

dimanche 16 novembre 2025

Troisième conseil de lecture

 A l'heure où le dernier opus d'Astérix fait un tabac international (un million d'albums vendus en trois semaines), ayons une pensée nostalgique pour René Goscinny, dont les calembours délicatement illustrés par le crayon facétieux d'Albert Uderzo ont fait mon bonheur et celui de mon matelot préféré. Pour les deux auteurs, s'offrir le luxe d'une pleine page de dessins, phylactères et encrage, totalement indépendante de la diégèse et dans le seul but de s'offrir un jeu de mot bien amené, devait être suffisamment jouissif pour que leur lecteur le ressente pleinement : banco gagné.

J'aime beaucoup la bande dessinée. Des Pieds nickelés à Nikopol en passant par Paulette, Barbarella et l'Incal, j'en ai lu, des trucs qui n'étaient pas de mon âge, mais je crois que rien ne m'a mise autant en joie que les jeux de mots des albums d'Astérix. Faut-il y voir l'origine de ma grande tolérance mon émerveillement face aux calembours tarabiscotés de mon mari et Capitaine, je ne le sais et en appelle aux professionnels de l'âme égarés sur ce blog : le sujet ne laisse pas d'être lacanien. Et puisqu'on parle de construction psychologique, allons-y franchement avec un détour vers l'enfance.

 Vers la fin des années 70, mon père, dont c'était le tour de prévoir un pot de fin de régate et les petits cadeaux offerts aux marins d'eau douce (mais pas moins sportifs pour autant) du yachting club fluvial qui accueille encore notre vaillant Oop-pop-sh'bam, acheta pour l'occasion une pile d'un album d'Astérix : La Grande Traversée. Comme il y avait du rab, nous en gardâmes quelques exemplaires et dévorâmes les péripéties d'Astérix, Obélix et Idéfix, qui traversent l'Atlantique en un temps record sur un gréement latin, avec une pomme pour seul vivre (et font passer Alain Bombard pour un minable imposteur). Ils affrontent aussi des vagues dignes d'Hokusai, comme le prouve ce cliché pris depuis l'hélicoptère de Philippe Plisson, par lui-même : 

 
 On est loin des mols alizés qui attendent les Gaulois et l'Helvète embarqués sur Bula. 

L'esquif accoste au Canada. Comment il y parvient, par la route nord et poussé par des vents d'ouest, n'est pas expliqué dans l'histoire, et puisque les auteurs sont morts depuis longtemps, il faudra sur la question se contenter de conjectures ; mais malgré ce détail incongru, le jeune lecteur découvrira au terme de la trajectoire de ses héros une terre peuplée d'indiens et surtout de dindons, que peu d'enfants ont l'occasion de côtoyer de nos jours et de notre côté de l'océan, ce qui, au vu de la tendresse que portent à ces volatiles nos cousins du Québec, est bien dommage.

Et sinon, Bula a quitté hier le Cap Vert pour la Guadeloupe. Bonne route, les amis !

Aucun commentaire: